Le second, Marin La Meslée, me rassure. Il est clas-sique, et je le cite sans crainte de me tromper comme l’un des plus grands chevaliers de tous les temps. Il porte un nom de chevalier du Saint-Graal ou des Quête de joie o. Il en avait aussi l’enfantine pureté, la haute stature, le cœur à l’aise dans sa vaste poitrine, le visage aigu et les mêmes lèvres minces d’où sortait une tranquille voix profonde tel que la mort injuste qu’il avait pro-voquée l’a déposé, presque tendrement, après sa chute, au milieu des miettes de son avion, avec la seule marque d’une étoile rouge au front. Car il ne trouvait pas d’adver-saires à sa taille, et la guerre industrielle l’avait détourné des tournois pour lui donner des canons à détruire. Nous, mon Dieu, de quoi nous serions-nous plaints ? Nous transportions dans la nuit des tonnes de tolite On verrouille sur la tête dit pilote le et d’incendiaires à des milliers de kilomètres pour écraser les villes et les usines de l’Antéchrist. Mais c’était notre métier. Nous faisions la a vallée heureuse », comme des conducteurs de poids lourds font toute l’année Paris-Bordeaux, tandis que ces archanges étaient nés pour la voltige, les attaques foudroyantes contre leur propre espèce ailée et les sonores chevauchées au plus loin du ciel. Et voici qu’ils étaient condamnés à emporter aussi des bombes et à les jeter en piqué sur des nids de mitrailleuses et de canons dressés contre eux. C’est ainsi que la plupart d’entre eux sont tombés, hors de la légende, et soumis à l’obscure loi des moyennes qui préserve ou abat sans discernement. Tous ses dons d’intelligence montraient à Marin Là Meslée où ce genre de combat le menait ; mais toit de l’habitacle comme la visière d’un casque. Phot. R. Esoinat.