haute ruine le rappelle, comme à Jumièges ; ailleurs, par exemple à Port-Royal-des-Champs, à peine quelques pans de murs, des bases de colonnes ; ou bien une église privée de ses bâtiments conventuels, ainsi qu’à Vézelay ; le monastère lui-même privé de son église, comme à Royaumont ; parfois l’ensemble, entièrement préservé, tel Fontenay ou le Mont-Saint-Michel. Cette multitude de monuments est la pétrification de formes de vie nées de l’esprit évangélique. Car l’ambition des religieux était — elle sera toujours — d’organiser leur vie sur le pur évangile. De ces formes, les monuments font discerner la variété étonnante et la vigueur. Vraiment, est-il une autre terre de chrétienté qui créa durant tant de siècles autant d’espèces de la vie religieuse, aussi continuellement réinventées, aussi expansives, d’une telle plénitude de sens surnaturel et humain ? C’est la terre d’élection de saint Martin et de Cassien ; c’est la terre natale de ces immenses arbres : Cluny, Saint-Victor, la Chartreuse, Cîteaux, Prémontré, la Visitation, la Trappe, et combien d’autres ! C’est de cette terre que saint Dominique et saint Ignace ont lancé leurs premiers compagnons pour réévangéliser le monde. Il y a donc mieux à faire, sous les vieilles voûtes des monastères, que d’évoquer, par amour du pittoresque, des costumes et des coutumes étranges, étrangers à nos contemporains. Je dirai même : il y a mieux à faire que d’admirer la beauté de ces témoins. Ou plutôt l’admirer comme il convient, c’est déjà s’ouvrir au principe qui Phot. Jack anning. Phot. Le Soya, 22 Le clocher de l’abbaye du Bec-Hellouin où l’abbé de Grammont lait renaître le loyer spirituel banco-anglais qu’avait créé Lanfranc ou X I. siècle. • Aumonastère de l’Utah, près de Salt Lake City, m. Etats-Unis, créé il y a deux ans, quelques Frères convers trappistes récitant leur office.