PRIMAUTÉ du SPIRITUrL PAR IULES ROMAINS LACADÉAllE f77■11.1ÇAISl CE n’est pas sans un peu de gêne que je viens de tracer les trois mots de ce titre. Ils pourraient si bien servir de couverture à des pensées molles et mensongères, préparer une de ces homélies dont le public semble avoir périodiquement besoin, non pour voir plus clair et mieux s’inter-roger, mais au contraire pour endormir les questions et les inquiétudes. Nous ne devons pas oublier qu’à, diverses époques les étiquettes de spiritua-lisme et d’idéalisme ont réussi à devenir odieuses à la plupart des bons esprits. C’est qu’en effet, dans leurs multiples emplois, elles avaient fini par désigner tout ce qui ne compte pas ou ne compte plus, tout ce qui a perdu contact avec le réel, tout ce que la vérité et la nouveauté dérangent ou effarouchent. Il en est même résulté souvent des réactions qui dépassaient le but. Des penseurs vifs et pénétrants se proclamaient matérialistes, au risque de simplifier leur pensée, ou affichaient des sympathies pour le matérialisme, parce qu’ils en avaient assez d’entendre des philosophes mondains débiter, la main sur le coeur, leurs couplets de bravoure à des femmes élégantes, pour qui un exposé de « doctrines élevées et consolatrices », un appel aux « sublimes élans de l’âme », se plaçaient on ne peut mieux entre une visite chez la modiste et un rendez-vous adultère. Des romanciers vigoureux, capables d’une observation aiguë, d’une vision fraîche, d’un pouvoir d’expression égal à son objet, se jetaient dans un réalisme provocant et limité, lui-même de tendance matérialiste ; se condam-naient à méconnaître les grâces de la vie et le raffinement psychologique, ‘à choisir de préférence leurs personnages parmi les ratés, les imbéciles, ou les brutes, tant ils désiraient échapper aux écoeurantes fadeurs du roman soi-disant « idéaliste ». Zola n’eût pas traité, dans une pâte aussi lourde et dans une lumière Masque mortuaire de Parral,par Rudomine. 7