Ci-dessus la cathédrale, modelage de JAVA. L’ESPRIT n’ÉTAIT à Marrakech, l’année dernière. Nous causions seul à seul avec un érudit musulman et lui disions notre admiration pour les plafonds marocains si précieusement décorés. « C’est que nous, fils de l’Islam, nous répondit-il, nous prenons le temps de regarder en l’air. » Regarder en l’air ! La leçon nous fit baisser les yeux un moment, par gêne, pour les relever ensuite, par goût. Notre interlocuteur avait eu le tact de ne pas ajouter : « Vous autres, Européens, vous agitez tellement que vous oubliez de regarder le ciel. » Le thème de cet ouvrage était né. Élever sa propre pensée, élever aussi celle de la foule et non s’abaisser en l’abreuvant de scandales ou de vulgarités ; chercher des exemples, en haut, et non des excuses, en bas. Nous nous proposons ici d’opposer le spiritualisme dont rayonna la France tout au long de son histoire au matérialisme dans lequel des influences, internes ou externes, risqueraient de la faire sombrer. A dessein nous avons accueilli dans ces pages toutes les spiritualités : par des chemins différents, tous ces écrivains s’élèvent, et il faut lire leurs textes, pleins de substance, pour voir notre but et suivre notre élan. Ce Noël n’est pas qu’un livre d’images. Dans des acceptions diverses, le mot « esprit » plane sur l’ensemble. Ainsi, par amour du chevaleresque et au risque d’être traité de Don Quichotte, avons-nous conçu cet envol : car nous pensons que pour ne pas être un peuple de trafiquants ou de midinettes, une nation doit regarder en haut. OLIVIER QUÉANT.