FILM a RÉALISTE n ITALIEN (B) VOLEUR DE BICYCLETTE. — Cadre – Quartiers populeux de Rome. Sujet – La recherche d’une bicyclette volée, dont la perte prive un homme de son gagne-pain. Mise en scène -De Sica z d’une simplicité es d’une intelli-gence sans pareilles. Interprétation -Ensemble étonnant de naturel et de dyna-misme, composé de non-professionnels à l’exception de l’acteur Maggiorani ; le petit Enzo Staioli est tout particulièrement émou-vant. Note – Sur un sujet d’une minceur extrême, ce film conduit une action pleine de couleur et de vie, débordante de notations aiguës cueillies au vol avec une incroyable habileté. Pas de longueurs ; émotion pleine de sincérité ; cadre d’un pittoresque non frelaté. DRAME HISTORIQUE FRANÇAIS (A) LA FERME DES SEPT PÉCHÉS. —Cadre – Une terme tourangelle et les bois d’alentour. Sujet – L’assassinat du pamphlé-taire P.-L. Courier, sous la Restauration. Mise en scène- Devaivre d’une forte personnalité. Interprétation – Ensemble vigoeux Dumesnil, Renoir, Claude Génia, Palauur, Devére, etc. Dufilho fait une composi-tion saisissante d’un «innocent». Note – Film dense, âpre et violent, habilement construit et d’un intérèt soutenu. Les personnages ont du relief et de l’accent, et l’atmosphère troublée de l’époque, ses haines et ses déchirements sont évoqués avec mesure et précision. FANTAISIE AMÉRICAINE EN COULEURS (B) ZIEGFIELD FOLLIES — Cadre -Le music-hall. Sujet – Suite de sketches, pour la plupart chantants et dansants. Mise en scène – Minnelli du goût et de l’habileté à mettre en valeur des ensembles fastueux. Interprétation – William Powell, Perd Astaire, Lucilie Bali, Lucilie Bremer, Red Skelton, Esther William, etc. pléiade d’étoiles brillantes et d’emplois très divers, donnant au film une grande diversité d’aspects. Note – Spectacle principalement visuel, luxueusement monté dans une débauche de grands décors, de tapis roulants ingénieux et de plumes d’autruche ; dosage habile de chants, de danses, de sketches humo-ristiques et d’évolutions nautiques. Une agréable distraction d’un moment. .. SENTI,’ ENTAL w FRANÇAIS (B) BARRY. — Cadre – Village suisse et hospice Brand-Saiot-Bernard. Sujet – Une histoire d’amour contrarié, au siècle dernier, avec de trop rares moments où l’on peut admirer les merveilleux chiens sauveteurs. Mise en scène – Pottier : sans mérite particulier, sinon celui d’une photographie souvent détes-table ! Interprétation – Fresnay — que l’on s’étonne de trouver dans cette galère ! Simone Valère, Brochard, etc., font très honnêtement ce qu’on leur demande. Note -Film confondant fâcheusement sensibilité et sensiblerie ! Résultat récit a attendris-sant e jusqu’à la nausée, comé avec un luxe décourageant de détails e touchants n, de beaux sentiments, de larmes, de traîtrises et de vocations sacerdotales voulues pour les besoins de la cause. Navrant ! (A) Adultes seulement. LE CIMA LA FOSSE AUX SERPENTS Drame psychanalytique américain (A), d’Anatole Litvak. Voici enfin un film qui unit le fond et la forme z un récit d’une rare solidité et une mise en scène d’une parfaite intelligence !… L’histoire est celle d’une jeune femme qu’un dérangement cérébral conduit dans un hôpital psychiatrique où elle recouvrera peu à peu la raison, non sans de terribles épreuves. Deux choses me paraissent particulièrement saisissantes dans cet étonnant film, tourné à partir d’une autobiographie de Mary Jane Ward (« ): l’acuité de l’analyse, qui nous permet de suivre de façon hallucinante les moindres palpitations d’un cerveau dérangé ; le démon-tage incisif du redoutable mécanisme hospitalier, lourd de réflexions et de possibilités. C’est un tour de force de Litvak d’avoir su nous rendre avec autant de tact et d’adresse ce complexe qu’est la folie. Pas une seconde no ne perdons le contact ; nous assistons à us ce mélange fiévreux de vrai et de faux, à ces étranges lacunes de mémoire qui font qu’une femme sait qu’elle s’appelle madame et non mademoiselle et nie cependant être mariée ; ou encore se souvient du numéro à six ou sept chiffres de sa carte d’assurances sociales mais pas de son adresse. Il y as si l’angle sous lequel la malade considère la clinique, gens et choses ; ce mélange affolant de paniques animales et de craintes r, d’enfantil-lages et de réflexions sensées.aisonnées Tout cela combiné avec un art incomparable pour nous donner d’un mémo fait une vision double et différente dans ses conclusions la nôtre… et celle d’une folle! La partie que j’appellerais documentaire, c’est-à-dire l’étude des milieux médicaux, des traitements, do l’organisation intérieure de l’hôpital est remarquable de concision, de péné-tration et, semble-5-il, d’objectivité. Laissons de côté le pittoresque un peu sordide d’une organisation hospitalière que l’on s’étonne de trouver dans un pays aussi évolué que l’Amé-rique et tenons-nous-en au problème moral. Que voyons-nous ? Une impitoyable machine à soigner, où le personnel a toute l’insensibilité, le rigoureuse et mécanique inflexibilité d’engre-nages ; où les médecins débordés traitent a à la chaise w, sans avoir le temps — ni parfois le goût ! — de considérer chaque malade comme un cas d’espèce, appelant une étude appro-fondie et des solutions appropriées à chaque situation ; où le bulletin de sortie est fonction, dans certaines limites bien entendu, du besoin impérieux que l’on a du lit occupé. On arrive à cette conclusion terrifiante que bien souvent la guérison dépend pour le soigné de la rencontre d’un soigneur qui ne le considère pascomme un numéro, justiciable d’un traite-ment passe-partout, dont le résultat offre toutes lesincertitudes de mesures trop géné-rales dans leur application au particulier. J’avoue que cette constatation, que l’on ne sent que trop vraie, m’a fait froid dans le dos ! Olivia de Havilland joue ici en grande comé-dienne, sans maquillage et avec un réalisme saisissant. On ne peut détacher son regard de ce visage angoissé, torturé, reflétant toutes les nuances des états d’âme les plus complexes avec une intensité pathétique. Elle vous tient en haleine de le façon la plus magistrale, à suivre sa lente ascension vem la lumière, ses rechutes, ses terreurs, sa lut. acharnée contre le néant où elle se a sait a sombrer ! Une vision inoubliable, que je ne saurais assez vous recommander. MARCEL LASSEAUX. !•) er;,,,e..atetions Droin, dans une traduction FILM SATIRIQUE FRANÇAIS (A): RETOUR A LA VIE. — Cadre – Divers lieux de Paris et de province. Sujet – Retours de prisonniers, vus par Spaak, M. Clouzot, Ferry et Noël-Noël. Mise en scène – Cayatte, Clouzot, Lampin, Drébille z rapprochement curieux de techniques très différentes. Inter-prétation – De premier ordre, avec Jouvet, Noël-Noël, Blier et Reggiani comme chefs de file. Note – Œuvre vivante, parfois facile, parfois amère, inégale mais jamo,s indifférente. Le sketch de Cayatte sur le retour de la déportée de Ravensbrück me parait le meilleur, le plus a vrai n ; la hâte que des cohéritiers mettent à arracher une signature à cette malheureuse qui n’a plus que le souffle a quelque chose de vraiment poignant… et d’écceuraM ! TRAGÉDIE AMÉRICAINE (A) LE DEUIL SIED A ELECTRE — Cadre – La propriété d’un armateur américain, au temps de la guerre de Sécession. Sujet – Haines familiales, abou-tissant à des assassinats et à des suicides. Mise en scène – Nichols dense et sévère, comme le sujet. Interprétation – Un peu théâtrale par moments, Rosalind Russel se tire bien d’un rôle presque insoutenable ; Ratina Paxinou remarquable ; Redgrave, Massey, etc.: corrects. Note – Tragédie à l’antique, aboutissant à l’anéantissement d’une famille et à l’autochâtiment de la principale coupable. Film dur, âpre, ne manquant pas de grandeur dans sa désespérance mais déga-geant en même temps une singulière froideur malgré l’intensité des passions déchaînées, ce qui fait qu’on le voit avec plus de curiosité que d’émotion. FILM D’ESPIONNAGE (B) z DU SANG SUR LA NEIGE — Cadre – Le Grand-Nord canadien. Sujet – La lutte de k police montée et d’espions allemands venus en sous-marin pour commettre des sabotages pendant la guerre. Mise en scène – Walsh z bonne, soulignée par une belle photographie. Inter-prétation — Errol Flynn, Julie Bishop, Helmut Dantine, etc.corrects. Note – Un début prometteur et bien enlevé, °ondin.- sant laborieusement à un dénouement d’une désolante sottise. Les Allemands sont peints de la façon la plus primaire, la plus conven-tionnelle. Un film de propagande… à retar-dement, bien maladroitement composé. BOUFFONNERIE AMÉRICAINE (B) LES MARX BROTHERS AU (sic) GRAND MAGASIN. — Cadre – Un grand maga-sin… évidemment ! Sujet – Mués en détec-tives privés, les frères Marx confondent les méchants et protègent les ients. Mise en scène – Riesner n’ajoutennoc guère de son chef au burlesque des situations. Interpréta-tion – Marx Brothers exploitent impertur-bablement leurs personnages classiques ; la voix du chanteur Tony Martin est agréable. Note – Le commencement et la fin du film sont excellents parce que bien rembourrés de a gagsn et d’acrobaties vraiment étourdis sentes ; le reste patauge péniblement dans les méandres d’une intrigue désespérément indigente. (B) Toutes personnes.