1111111INE, terre d’abondance. St chacun sait que le Lyonnais est le berceau de la soierie, la Flandre, celui du textile et que nos vins fins viennent principalement de la Bourgogne, du Bordelais et de la Champagne, les ressources d’autres provinces, en raison de leur diversité, sont certainement moins connues. C’est le cas du Dauphiné, qui se caractérise par l’étonnante variété de ses industries, nées de la nature même de son sol et de son relief. Dans cette contrée montagneuse où l’élevage du bétail occupe une place importante, l’industrie des produits laitiers — fromages et lait condensé — est très florissante. Parallèlement se sont créés, par l’utilisation des peaux, les centres réputés de la ganterie et de la maroquinerie dans la région grenobloise et celui des chaussures à Romans, environnés de leurs auxiliaires : les tanneries, les mégisseries, les teintureries. Des pentes boisées les Dauphinois ont tiré la matière première nécessaire à l’ébénisterie, à la construction des chalets et, en particulier, à la fabrication, pour les sports d’hiver, d’articles qui ont acquis une grande réputation et qui sont adoptés par les plus grands champions. Le sol, riche en calcaire, a permis le développement de l’industrie du ciment, déjà prospère au ‘axe siècle depuis l’invention par le savant Louis Vicat de la fabrication artificielle des liants hydrauliques. Les eaux elles-mêmes contribuent à l’essor du Dauphiné. C’est en effet grâce à leur pureté et à leur qualité que peuvent être fabriqués les papiers de luxe utilisés pour les éditions d’art et les grandes revues : le papier couché sur lequel s’imprime Plaisir de France provient de cette région. Mais les eaux, très abondantes, ont joué encore un plus grand rôle lors de la production de cette nouvelle énergie : la houille blanche. De grands barrages ont été édifiés, tels ceux de la Bissorte, du Sautet et du lac Chambon, qui fournissent actuellement plusieurs centaines de millions de kilowatts; ils ont grandement favorisé en Dauphiné le développement des industries électro-chimiques et électro-métallurgiques, produisant les unes les carbures, chlorures et électrodes, les autres les aciers spéciaux et les alliages d’aluminium. Et puisqu’il est question de ce dernier métal il est opportun de signaler, à Froges, la fabrication du papier d’aluminium, dont on connaît les multiples applications. Le textile, de son côté, est largement représenté avec les tissus de soie et de rayonne fabriqués en divers points de l’Isère ; les sous-vêtements à Grenoble, les draps à Vienne, les étoffes imprimées à Bourgoin, etc. Mais le Dauphiné n’est pas qu’un pays industriel. Il est un grand centre de tourisme. Il l’est par la beauté de ses paysages et par leur variété ; le contraste est saisissant entre les hauts sommets des Alpes et la vallée du Rhône. Il l’est aussi par ses villes anciennes, par ses stations thermales, clima-tiques et de sports d’hiver. Il l’est enfin par ses relais gastronomiques renommés, ses hôtels accueillants, ses produits de qualité. Personne, en effet, n’ignore les noix de Grenoble, le nougat de Montélimar, ni surtout ces fines liqueurs qui ont depuis bien des années diffusé leur nom et leur réputation dans le monde entier. Nées à Voiron, à la Côte-Saint-André, à Saint-Laurent-du-Pont, elles doivent leur saveur aux plantes et aux fruits de cette région. Les nombreuses ressources ainsi offertes par le Dauphiné grâce à sa nature et à son sol généreux justifient amplement sa qualification de s terre d’abondance ». YVES MARESCOT. 65