UN MM : MOUT j, laboratoire d’études de machines n’apparaît pas dans l’esprit du profane comme un sujet bien attrayant. Par son rôle très particulier, le laboratoire dauphinois d’hydraulique nous a semblé échapper à la règle et justifier largement qu’il lui soit fait une place dans un chapitre même historique et touristique consacré au Dauphiné. C’est en effet l’un des seuls laboratoires au monde qui associe des essais de machines et des essais d’ouvrages complets. Un bref retour sur le passé dégagera mieux cette association en montrant comment on en est arrivé aux remarquables réalisations actuelles. Les essais de turbines hydrauliques sur modèles réduits se faisaient déjà depuis le début du siècle. Mais est en 1923, en étudiant les turbines de l’usine du Drac-Romanche, que les ingénieurs eurent l’idée de représenter sun. modèle non plus seulement les machines, niais l’en-semble de l’usine elle-méson dans un décor physique rigoureusement reconstitué. En 1939 le laboratoire avait déjà acquis une place de premier ordre dans les domaines de l’hydraulique des usines, des fleuves et des mers. Au début de 1939 il achevait l’étude de la Isouchure du Rhône à Génissiat par batardeaux (barrages provisoires) en pierres lancées, dont les conclusions devaient se vérifier parfaitement par la réalisation même de la coupure. Pendant l’hiver 1944-1945 c’est l’étude du passage du Rhin qui force l’admiration de el at-major américain. Aujourd’hui, grâce à l’étonnante imagination scienti-fique de M. Danel, directeur du laboratoire de 13eauvert, une centaine d’essais sont actuellement en cours sur une surface de près de 4 hectares et nécessitent une équipe d’environ trois cents personnes, constituée en parties égales d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers. C’est dire le rôle joué dans ces recherches par l’esprit pure-ment scientifique, nourri par la plus complète biblio-thèque de documentation hydraulique du monde. Partout où l’eau intervient dans la vie organisée le laboratoire joue son rôle, soit pour en tirer parti, soit pour lui opposer des moyens de protection. Trois vastes domaines constituent son champ d’expé-rimentation L’hydraulique des fleuves, des rivières et des torrents ; L’hydraulique des mers ; L’hydraulique des adductions d’eau et des irrigations. La fonction d’utilisation s’exerce avec les cours d’eau dans la réalisation d’ouvrages hydro-électriques clas-siques s barrages, évacuateurs de crues, etc. Avec les mers, c’est essentiellement l’asservissement des marées qui fait l’objet, à l’heure actuelle, du projet d’usine marémotrice à l’embouchure de la Rance. Sa fonction protectrice trouve actuellement dans deux modèles son application s la correction de la Medjerda, aux crues dévastatrices et dont une partie du cours est fidèlement reproduite, l’aménagement de la rade de Mers-el-Kébir, qui deviendra la première base navale de la Méditerranée grâce à la neutralisation partielle de la houle par des digues en voie d’émergence. Moins spectaculaires, mais également précieuses pour la vie urbaine et la grande culture, sont.les études faites en matière d’adduction d’eau et d’irrigation ; ce sont peut-être elles qui participent le plus directement à l’amélioration des conditions de vie dans les zones habitées. Il est réconfortant de penser que la France possède un laboratoire considéré par les ingénieurs de tous les pays comme le plus perfectionné du monde ; à tel point que de très hautes autorités en matière hydrau-lique sont venues faire des stages à Beauvert. C’est là une preuve nouvelle de la suprématie fran-çaise sur le terrain de la recherche, et dans un domaine aux perspectives essentiellement pacifiques. C. V. A gauche modèle réduit de l’estuaire de la Rance. Vue prise de l’amont montrant l’emplacement de la I amure usine marémotrice de 475.000 CV. Le relief apparaît très accentué, car l’échelle des hauteurs est six fois plus grande que celle des longueurs. A droite vue du pivotement d’une houle autour de l’extrémité d’une idée. Photograohl es c ‘nuées Dar la Société Nna,uic, quia créé es laboratoire. 57