LE SALON OlUTORNE par Roufs BABOTTE. Vote, le Salon d’Automne 1949 installé douillette-ment dans les salles interminables du Palais de New-York. Cette longue cimaise semble encore trop étroite pour accueillir plus de quinze cents envois. On nous avait promis une sélection ? Or ici comme dans d’autres Salons officiels les œuvres maîtresses finissent par disparaître dans la quantité d’envois médiocres. Pour qu’elle retrouve un peu de son éclat du temps de Renoir ou de Cézanne, sans espoir sans doute de révéler des génies comparables à ces deux maîtres, la vieille exposition (qui n’a en somme pas tout à fait cin-quante ans) devrait faire un acte de courage en revisant ses statuts. Le Salon d’Automne, pour survivre, doit réduire le nombre montde ses sociétaires ou, au besoin, en changer tous les quatre ou huit ans. Pourquoi en effet recevoir sans débat les envois de gens qu’un titre obtenu souvent a priori consacre injus-tement P Pourquoi avantager les envois de ces x favorisés », si souvent médiocres, en les accrochant aux meilleures places pour le plus grand malheur d’artistes obscurs dont le mérite peut être réel quoique inaperçu ? Ce coup de balai indispensable modifierait l’atmo-sphère et donnerait son plus juste épanouissement aux œuvres de qualité. Les talents, certes, ne manquent pas à l’« Automne ». Sans doute avons-nous peu de chances d’y trouver un des s phares éblouissants » qui brillaient à l’orée de ce siècle, mais des gens loyaux connaissant bien leur métier, fuyant toutes les théories trop versatiles, donnent à ce Salon sa raison d’être. Sans doute trouve-t-on ici coinme ailleurs des x habiles » dont les envois sans spontanéité restent les mêmes d’année en année ; quelle différence y a-t-il entre le Metzinger, le Kvapil, le d’Espagnat d’aujourd’hui et ceux d’il y a plus de dix ans ? Si je trouve excessive la façon dont on a monté des jeunes tels que Buffet ou Lorjou, c’est avec beaucoup de joie que je rencontre ici des ,, pionniers » du Salon abordant la peinture avec l’enthousiasme des jeunes. Leur présence nous repose Fceil quand nous avons parcouru tant de salles fasti-dieuses. Ils s’appellent Aujame, Planson, Brianchon, Caillard, Savin, Cavaillès, Savouraud, Legueult, Desnoyers, Lotiron, Savreux, Terechkovitch, qui nous enchantent par leur souci de composition solide et attrayante ; à la fois très sensible à la poésie persistante d’un Jean Pougny ou d’un Jean Eve, je note au passage les progrès réalisés par un Chapelain-Midy, un Yves Brayer ; le charme de leurs tableaux ne laisse pas voir le travail énorme qu’ils ont accompli. Quel quesoit leur talent, la peinture d’un Oudot ou d’un Bohner n’a pas une très grande force émotive. En général le spectateur s’étonne de constater combien les portraits manquent dans ce Salon. Bersier est un des rares exposants qui, dans une toile d’esprit assez grave, ait cherché l’âme de son modèle. Épris de peinture abstraite, nos jeunes abandonnent la représentation de la figure humaine. Leurs plus grands 42 devanciers, Van Gogh, Renoir ou Cezarti, . s’∎ pnssion-aient, et dans la rétrospective de Friesz. véritable Hou de l’exposition, deux portraits, celui ■Iu peintre et celui de sa mère, comptent parmi les meilleurs tableaux. Peut-être que pour la génération montante, un Friesz, un Segonzac ne sont-ils plus à la mode parce qu’ils sont toujours restés fidèles à la représentation de la chose observée ? Il est aussi faux de penser ainsi que de nier tout talent aux recherches expressionnistes ott abstraites dans lesquelles certains peintres de notre temps se trouvent parfaitement à l’aise. A part Rouault, Desnoyers ou Alix, la plupart des toiles exposées en hommage à Walch, ce grand disparu, sur une cimaise où ont été accrochés des tableaux de cet artiste, prennent leur inspiration en dehors de la. nature ; qu’elles soient signées ;Manessier, Singier, Marchand, Bazaine, Dany, Nlarzelle, l’al Coat, Pignon, Gischia ou Clavé, elles encadrent splendidement le bel ensemble d’un artiste qui construisait une toile comme un maître verrier réalise un vitrail. Tous ceux qui aimaient Walsh suffireunis dans cette n salle de l’amitié. Seul Picasso. enfermé ne fois de plus dans son splendide isolement, manqua à l’appel. Ailleurs, d’autres artistes, Dalmlant Provnst. Magne, Pollack, )laite, le Baron, I ,n:pierre. Burtin, Moisset, Davez, Delacroix. Mul fia, Simone Patin, trouvent 1111′ heureux i..1111111h1, ani ré les volumes du tableau et de la couleur. Cette richesse de la peinture si retrouve dans la section réservée à la gravure contenlporaine une fois de plus Vieillard et Goerg en sont les rois. Le Dominique de Fromentin a été illustré par Demeurisse avec 41110Ur. Dans une autre salle, accrochées par Fougeron, quel-ques toiles traitent des sujets populaires la plupart perdent sous leur aspect idéologique mutes leurs inten-tions picturales ; notons pourtant dans cet ensemble les envois de Krol et de Gallard, entre autres. On ne peut achever ces lignes sans regretter la pauvreté de la sculpture. Certains bustes ou objets d’art traités en bibelots eussent pu être refusés dans le néoclassique Salon des Artistes français. Quelques exposants agréa-blement connus ne sont pas dignes ici de leur habituelle renommée. L’Auricoste de 1949 est inférieur à celui des années précédentes. L’Etienne Dolet de Couturier nous émeut plus dans sa première idée que dans sa réalisation en grand. Yen cesse a conçu une sorte de héros de bronze digne de dominer l’un des plus mis monuments funéraires de la Troisième République.auva Brelz est simple et vrai dans son portrait de M. Bizardel Guyot ou Martinie sont des animaliers très observateurs. É’ceuvre maîtresse ici est due une fois de plus à Gimond : c’est un buste de femme. L’artiste, usant de moyens très sobres, y atteint les profondeurs de la vie intérieure. Son por-trait du président. Auriol est également une oeuvre d’une haute portée psychologique.