Grecque, chinoise, hébraïque, qu’importe l’origine de ce« pions d’os, d’ébène, d’ivoire ou de verre de Bohême, poupées blanches et noires qui reposent dans des boites en forme de berceau. Le nom a une résonance musicale de gamme Domino! Il a aussi un petit air de fête masquée Domino! A moins qu’il ne vienne du camail que portaient les chanoines, grands amateurs de ce jeu. Pourquoi ne tirerait-il pas origine de l’exclamation du pieux vainqueur : Benedicamus Domino? Au moyen âge, assez grossièrement peints, les dominos devinrent ensuite des gravures sur bois, puis sur cuivre. dont certaines furent assez libres pour nécessiter, au xvne siècle, une sorte de contrôle des « dominotiers s. Plus tard, on vit sur les tables les dominos avec ou sans points et, vers 1850, des dominos alphabétiques pour les enfants. Ceux-ci éveillent le souvenir d’un jeu qui, d’un acte révolutionnaire, fit un acte d’amour. C’est au printemps 1791, en effet, que fut remis au Dauphin de France un jeu de marbre frappé de lettres d’or. La matière utilisée n’était autre que la cheminée de M. de Launay, à la Bastille. Le don était accompagné de vers De ces affreux cachots, ln terreur des Fiançait. Vous voyer, les débris transformés en hochets. Puissent-ils en servant aiux jeux de votre enfuit, Du peuple vous prouver l’amour et la puissance. Hélas! pour le petit Dauphin, déjà les dés étaient jetés. Avec les dés, indispensables pourtant à un grand nombre de jeux innocents, se répand le goût d’ « aven-turer l’argent e. Dès le règne de Philippe Auguste, le jeu est florissant comme il l’a été aux Indes, chez les Grecs et les Romains ou en Égypte. Il est si en faveur que les chevaliers se réunissent en académies, contre lesquelles se brisent la sagesse de Saint-Louis et les nombreuses ordonnances royales. Rien n’arrête la passion des joueurs ni les grosses pertes d’argent, ni la crainte des pipeurs, ni le nom de « filous n que leur donne un arrêté de 1629 qui les somme de « vuider dans 24 heures de la ville, prévosté et vicomté de Paris sur peine des galères ». Sous Charles VI, l’exemple vient de haut; messeigneurs de Bourgogne et de Berry, accompagnés de leurs suites, sont clients assidus de la Tour de Nesle. Avec les règnes, les défenses se réitèrent, ce qui n’empêche qu’à la cour de Louis XIV on joue… et l’on triche de 3 à 6, chaque jour, au jeu du roi et à celui de la reine. L’Empereur lui aussi sévira. En somme, par la grâce de la rédaction officielle, la morale était sauve._ et le jeu aussi. Échecs, darnes, dominos, dés : jeux d’hier, jeux d’au-jourd’hui, qui conservent un attrait toujours actuel parce qu’ils sont une expression du inonde vivant et comme tels participent à notre activité et à notre histoire. SOLANGE ne Rut. De haut en base Pièces en cristal et argent de l’échiquier dit de Saint-Louis (musée du Louvre). Plus populaires,lesdominos et les darnes ont toujours leurs amateurs. Illustrant le texte, maquettes de costumes de G. Bruga pour la pièce t Jeux d’échecs représentée à Toulouse le roi, le cavalier blanc, le cavalier noir, la tour blanche, la tour noire, le fou blanc, le fou noir.