JE ‘UX Chacun sur son chanter fixe d’un œil aride les cases… blanches et noires, les carrés opaques et clairs où se décide le sort. Blanches ou noires sont les pièces ; blancs et noirs les camps tels guelfes et gibelins. Les couleurs s’opposent comme s’affrontent les joueurs dans ces jeux d’intelligence pure ou de pur hasard qui séduisent grands et petits, seigneurs et vilains, délassent l’intelligent, comblent le sot. Si nous en croyons chroniqueurs, poètes, historiens même, on jouait à la Cour dès Charlemagne, sur les navires voguant vers la Terre Sainte, chez le bon roi Henri ‘comme chez François Iit. Chevaliers épris du Roman de la Rose, jeu-nesse tapageuse du café de la Régence, philo-sophes célèbres, qui donc s’inquiète des édits royaux, des arrêts du Parlement, des interdits d’évêques et des amendes? 4iv Lê jeu d’échecs sera plus tard le refuge des augustes prisonniers du Temple et du grand vaincu de Sainte-Hélène, qui manœuvrera Louis XVIII… sur l’échiquier. Ces échecs, un jeu? Oui, mais qui exige une maîtrise, une précision très grande dans la conception des coups. Le hasard ici ne s’en mêle point. Si le jeu, dans sa structure actuelle, ne date que de la fin du xve siècle, c’est en France que la marelle de certaines pièces a été définiti-vement adoptée. Signalons, en passant, que, sous la Révolution, Guyton de Morveau transforma la reine en adjudant et le ci-devant roi en drapeau. Ce jeu s’apprenait autrefois aux filles pour être plus agréables, et des candidats au mariage jouaient, avec leur futur beau-père, une partie quiservait en quelque sorte de test. Pourtant, bien des parties se sont terminées violemment, l’échiquier volant à la tête du 19