formes, sur leurs tableaux, une définition très rigoureuse, et l’on vit des réseaux de grasses lignes noires cloisonner la toile et lier fortement figures et objets. Ainsi firent Gauguin, Van Gogh, surtout Suzanne Valadon. Les courbes de contour, les traits essentiels des motifs de Rouault sécrètent une essence de drame mystique. Les couleurs offrent l’attrait d’une parure artiste, mais la forme essentielle de l’objet est exactement et nettement déterminée dans la pureté du noir et blanc. Obtenir la forme essentielle est la mission de la photographie. En peinture, la qualité idéale des noirs et des blancs est presque toujours corrompue par un apport de couleurs étrangères. La photographie, sur ce point, ne nous abuse pas. Il est évident que la prise de vue d’un motif se trouve en quelque sorte déréglée par la présence des couleurs, et la satisfaction théorique ne pourrait être obtenue qu’au moyen d’éléments blancs et noirs. Claude Autant-Lara, qui connaissait cet écueil, fit d’excellentes expériences cinématographiques en utilisant des décors, des costumes et des fards blancs et noirs. Ainsi nous apparaît l’intérêt des démonstrations de photographie entreprises avec des modèles réunissant des conditions favorables. Sougez est l’un des rares auteurs qui comprirent cette question. Il réalisa de belles et savantes images : quelques-unes d’entre elles illustrent cet article. Sougez réunit les qualités de l’artiste authentique, de l’inventeur, du technicien. Son élément de travail est la lumière, qu’il dirige, qu’il gradue avec maîtrise. Par la juste répartition de la lumière, il crée le tableau en noir et blanc qui traduit le caractère profond de son modèle. Il n’est point de volume qui, éclairé avec un goût sensible, ne révèle sa vivace expression. L’objet le plus commun devient la scène de relations émouvantes entre le noir et le blanc — le blanc, qui triomphe des ténèbres et reçoit les bienfaits de la lumière — le noir, qui capture les couleurs et les anéantit, qui est le fond sans fin de la solitude (nécessaire si souvent au repos du regard et de l’esprit). Réuni au blanc, il fait comprendre l’ordre et la raison subtile, infiniment nuancée, de la nature. MARCEL ZAHAR. Deux miniatures en silhouette. ( X I Xe siècle.) Le plage. par Brienehon (fragment). Phot. Marc Vaux.