charitable. On y élève avec soin des nourrissons débiles. Mais le buste de Zola est toujours dans le petit jardin. Et le pèlerinage annuel d’octobre n’est pas abandonné. Médan est bien devenu historique. Tous les historiens du naturalisme, Léon Deffoux, le précis et sagace René Dumesnil, tous ceux qui ont étudié, de l’éclosion à la mort, le Naturalisme, les manuels eux-mêmes, parlent de Médan. C’est une toute petite Mecque. C’est là que fut décidée la publication des Soirées, et vous savez ce que nous leur devons ! Un chef-d’œuvre, dont le L’aile ancienne, où aurait été composée l’ode à Cassandre Salviati. cinéma vient de s’emparer, Boule de Suif. L’Attaque du moulin, dont les ténors du Conservatoire, tant que le cher Alfred Bruneau fut du jury, ne manquaient pas de chanter le grand air Le jour tombe… La nuit va bercer les grands chênes… Adieux à la forêt d’Alsace, mais imprégnés peut-être par les crépuscules de Médan, dont Bruneau fut un habitué. Et puis Sac au dos, qui n’est pas du meilleur Huysmans, mais enfin il débutait, ou quasi, après Marthe… A Rebours n’était pas si loin. La Saignée, de Céard, l’Affaire du Grand 7, de Léon Henniciue, qui parut corrosive et semblerait fade l’époque Miller, après les Céline et les sartriennes Nausées… Enfin, du brave Alexis, Après la bataille, un chef-d’ceuvre, pensez donc ! Inspiré, c’est vrai, par la Normandie natale de Maupassant, mais mijoté Médan, dans la yole… Et le vert de Médan, c’est le vert du pays d’Auge. Ce n’était pas fini, pour Médan Entre les deux guerres, vers 1935, un grand monsieur aux cheveux d’argent, au teint coloré, athlète aux yeux d’azur, passant par là avec une dame menue et fine appelée d’un nom de princesse, du nom d’une des femmes de è Barbe-Bleue» dans Ariane et du nom de la compagne d’Aglavaine : Sélysette, acheta le château. Il avait beaucoup aimé l’abbaye de Saint-Wandrille ; lui aussi aimait le vert normand. Il aimait Ronsard. Je ne sais s’il aimait Zola. Ronsard, j’en suis sûr… Lui aussi, dans sa jeunesse, avait fait des chansons tendres, plus mystérieuses… Je vois le soleil par les fentes ! Ouvres les portes du jardin… Puisque les moines de Saint-Wandrille, après 1918, lui avaient repris leur abbaye, Maurice Maeterlinck se décida pour cette longue maison à deux ailes, capitonnée de feuillages qui ne meurent guère. Ils se fanent seule-ment et reverdissent— comme les grandes œuvres litté-raires, à qui les générations tiennent lieu de saisons et qu’un abandonne et reprend le long des siècles. Il aima ses mansardes fines et le beau jardin qui s’étend vers la Seine, et d’où l’ceil parcourt tout un demi-cercle de coteaux et de villages. A Médan, Maeterlinck n’a pas Ce qu’est devenu le théâtre de Maeterlinck où fut joué l’Oiseau bleu.