MOBILIER ET DÉCORATION à connaître Gauguin et Cézanne par l’intermédiaire de Séruzier et de Maurice Denis. Sans doute Cézanne est-il plus près de lui. A ce contact on voit son propre tempérament s’affirmer, non sans une pointe de rêve qui se devine dans son artilleur de 1911. Mais instincti-vement il penche bientôt vers le cubisme dont il fréquente quelques turiféraires comme Villon, Gleizes, Metzinger, Fernand Léger, un cubisme toutefois qui se nuance de distinction. Après la guerre, fatigué, malade, il ne peint plus que de petites choses où l’on discerne toutefois une intensité d’émotion que les années sans doute eussent développée, s’il avait vécu. Henri Matisse, à la Maison de la Pensée Fran-çaise. Sans être très abondante, cette exposition rapproche curieusement à peu près toutes les formes diverses et multiples d’une longue et changeante carrière. Inquiétude d’esprit, curiosité, peut-être aussi désir de surprendre ou crainte de a dater On est enclin, devant l’instable manière de l’artiste, à lui chercher d’autres mobiles que le souci de s’exprimer, de se réaliser pleinement. La progression, il est vrai, se perçoit assez clairement durant les trente ou qua-rante premières années de ces fougueuses recherches. Partant d’en faire encore timide, tout imprégné de l’école, on voit très bien le peintre se libérer de formules acquises, renoncer à des modulations de tons souvent subtiles d’ailleurs et même à un essai assez piquant de pointillisme à la Seurat, pour obéir aux’ généreuses poussées vers la couleur pure qui correspond à l’éclosion du fauvisme et le continuent. C’est là le vrai Matisse, le Matisse que l’on admire. Faut-il approuver de même les déformations apparemment arbitraires, qui se révèlent par la suite et se multiplient, aussi bien dans les peintures que dans les dessins et les feuilles ornementales, semées de signes inquiétants, les décorations très schématiques de la Chapelle de Vence, et les sculptures où, rarement d’ailleurs est apparu un tempérament original ? On n’en a guère le courage. A la Colombe, une nouvelle galerie des Arts du feu. Ce n’est pas tant une renaissance qu’un intien des bonnes traditions de la céramique, si mamalmenée depuis quelque temps par des amateurs, que nous propose cette galerie, de création récente, et qui, pour la première exposition, a réuni de fines porcelaines de Soudbinine et de Gensoli, des grès de Beyer, d’Ivanoff, de Kiffer, des poteries de Jean Besnard, de Gio Colueci, gens de métier et de goût, aux vases et aux coupes desquels, on aimerait voir joindre des spécimens de céramique architectural dont le déve-loppement si désirable semble voué à un avenir prospère. André Lhote, à la Galerie de France. — On ne peut laisser passer sans en dire mi mot cette exposition qui résumait une longue phase de la production du peintre, puisque certaines toiles, des gouaches, remontent de 1914 et 1917, les plus récentes étant 54 datées de 1949. On y suivait done la progression de sa volontaire poursuite d’un idéal d’expression où la troisième dimension n’intervient qu’au minimum dans les paysages et les natures-mortes aussi bien que dats les compositions et qui obtient des suggestifs résultats par le seul jeu des surfaces coloriées. 100 ans de production Baignol et Farjon. — La maison Baignol et « ‘arion vient de célébrer le cente-naire de son existence à Boulogne-sur-Mer, où Fran-çois Lebeau, son fondateur, installa en 1850 ses premiers ateliers. Les dirigeants actuels de cette firme dont la réputation mondiale n’a fait que s’affirmer dès la fin du siècle dernier, ont convié samedi dernier, les cadres et le personnel àune imposante cérémonie qui fait honneur aux plus louables traditions du patronat français. Dans une émouvante allocution que le président directeur général, M. Raymond Farjon prononça devant une très nombreuse assistance, parmi laquelle nous avons remarqué les représentants officiels de la Municipalité et du Département, fut retracé l’historique de la Maison depuis ses loin-taines origines. L’orateur évoqua le souvenir des chefs de l’Entreprise qui, dans le passé, ont présidé à ses destinées et rendit un hommage reconnaissant aux techniciens et ouvriers dont plusieurs générations se sont relayées pour édifier l’reuvre qui a si puissam-tuent contribué au développement industriel de la ville de Boulogne et à rehausser le prestige de notre pays. A l’issue de la fête de nombreuses médailles et récompenses ont été remises aux plus anciens colla-borateurs de la Maison. Nous souhaitons, à notre tour un avenir prospère à la Maison Baignol et Farjon. BIBLIOGRAPHIE La Trinité et son quartier, par L. Bro. — C’est un amoureux de Paris qui a écrit ce livre, un fervent de son quartier qu’il évoque avec tendresse comme on parle d’un être cher. Il raconte pieusement son histoire, sa naissance au ixe siècle dans un marais asséché par des chanoines percherons qui fuyaient devant les invasions normande», puis son existence toute champêtre encore au Moyen Age, et jusqu’au xville siècle, et sa vie joye.c. mouvementée, sous le Directoire et l’Empire, quand les résidences, les folies ,, se muent en établi»sements de plaisir ; élé-gante et mondaine ensuite. amm les hôtels de hauts personnages et des financier- tinis’y construisent. Chaque rue, presque chaque maison a d’ailleurs ses anecdotes et la mention de ses habitants illustres Mirabeau, Mme Tallien, rue de la Chaussée-d’Antin ; Joséphine de Beauharnais, Bonaparte, rue de la Vic-toire ; Talleyrand, le peintre Isabey, rue Taitbout ; combien d’autres !… La paroisse, enfin, aujourd’hui centenaire, l’église de la Trinité, construite par Théodore Ballu dans un style Renaissance qui ne manque pas de grandeur, décorée par Barras, le comte Dunouy, Pradier, Carpeaux, fait l’objet d’une description détaillée. L’ouvrage est décoré de gravures sur bois de G. Poilliot, d’après les vivants dessins de l’auteur lui-même.