LES TACHES DE RAYvOND SUBES LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES DÉCORATEURS NI 1 n’ignore que la Société des Artistes Décorateurs est a un tournant dangereux de son histoire ou tout an moins que son Salon traverse une passe dif licite. El si, dans ces conjonctures peu réjouissantes, Raymond Subes n’a pas craint d’en assumer la présidence, il n’est venu à l’idée de personne que ce lut par esprit de gloriole, ni même par goût de la lutte. Je me suis d’ailleurs laissé dire qu’il avait., d’abord insisté pour que l’on reprit une vieille tradition et que l’on mil, comme jadis. les destinées de la Société entre les mains d’un homme politique. Solution discutable, certes. On ne saurait nier pourtant que le problème est d’intérêt national, qu’il louche au prestige national et l’on doit recommitre d’autre part qu’il n’est pas inutile d’être dans la situation d’un Bohanowski. d’un André Tardieu, ou d’un Anatole de Monzie pour faire entendre ces vérités à qui de droit. Alors Raymond Subes s’est incliné, par dévouement sans doute, mais surtout. lel que je le connais, par suite d’un retour sur lui-même. Il a pensé à ses propres débuts, quand. au sortir de l’Ecole puis des Arts Décoratifs et après un stage auprès d’Emile Robert, il commença d’exposer. C’était en 1919. Blessé. puis réformé, il s’était remis durement au travail. El il n’a pas oublié l’accueil que lui firent tes décorateurs, ses aînés, l’ambiance favorable qu’il trouva au Salon, ni les encouragements qu’il reçut et qui furent pour beaucoup dans le succès de sa carrière. Aussi ne voudrait-il pas que ses cadets, les jeunes d’aujourd’hui, lussent privés de cet adjuvant, de ce ressort, et il a résolu de sauver la vieille maison. Il a fait ses preuves au reste comme homme d’action. comme organisateur. C’est une des raisons pour lesquelles ses camarades, ses pairs, l’ont choisi. Ses collègues du bureau, Marcel Chappey, Maxime ON, Maurice Gensoli, Paul Beucher, Mme Germaine de Coster, Jean Fouquet, Jacques Dumont, Georges Jouve, sans excepter la dévouée secrétaire général Minés Henriette Galien Milen, sont gens énergiques el avisés. N’empêche que la triche est rude, il me l’a expliqué sans ambages. Ilion de plus simple du reste. La caisse a un déficit très important. Premier point. On ne peul au surplus en accuser personne. Jacques Adnet, le président sortant, a fait deux beaux Salons qui eurent un nombre respectable de visiteurs. Seulement un Salon coûte dix millions, en complant l’installation, l’éclairage, le gardiennage et la publicité. Deuxième point. Ce sont ces deux questions épineuses qu’il faut résoudre. Raymond Subes s’attaque sagement à la première pour commencer. Il veut d’abord payer les dettes de la Société. Plus d’un million, ce n’est pas le diable. Encore faut-il les trousser. Le président a déjà frappé en vain à plusieurs portes. Il semble pourtant que tes groupements el les administrations ne manquent pas que le sort des Décorateurs et de leur Salon ne saurait laisser indifférents. Sans parler des industriels pour qui la qualité est une condition primordiale d’expansion, sans parler du Ministère de l’Education nationale, protecteur attitré de tous les artistes, le Tourisme n qui a pour mission d’offrir chez nous aux étrangers des éléments attractifs, et les a Relations culturelles ,■ dont le rôle est d’organiser à l’étranger des expositions d’oeuvres françaises, sont naturellement désignés pour favoriser ces intéressantes manifestations. On peul imaginer en outre pas mal d’interventions particulières qui, déterminées par la gratitude ou par l’attachement à la caisse commune, aideraient opportunément au renflouement de la Société. De boule façon, Raymond Subes veut obtenir une situation nette, avant d’entreprendre quoi que ce soit. On avait pensé un instant organiser. cel été un Salon réduit, pour permettre fout de même aux décorateurs de rappeler leur existence. On n’a pas trouvé de salle convenable el d’ailleurs celle modeste carte de visite aurait encore entraîné une dépense de plus d’usa million. On n donc décidé de concentrer tout l’fflort sur le Salon de 1951 qui du reste marquera le cinquan-tenaire de la Société. .4 /tri seul ce passé qui lut brillant est le gage d’un sérieux avenir. Il suffit de savoir s’adapter aux conditions actuelles de la vie. El ce n’est un mystère impénétrable ni pour Raymond Subes id pour l’équipe dévouée qui l’entoure. René Cl IAVANCE.