MOBILIER ET DÉCORATION 6d Il est même permis de discerner dans plusieurs pages « décorées s de la sorte une cadence, un rythme. Mais on a peine à ne pas penser, devant d’autres, aux cahiers de classe d’un élève médiocre dont le profes-seur, irascible, aurait souligné rageusement les fautes à l’encre rouge. Pourquoi s’en défendre, après tout ? Picasso n’a pas fini de nous ménager des surprises.  » Le Miserere « , de Georges Rouault. — Un véri-table monument qui a fait déjà beaucoup de bruit à travers le vieux et le nouveau monde. Les 58 planches « Miserere et Guerre s ont été exécutées par Georges de Rouault à l’instigation d’Ambroise Vollard, pendant le premier conflit mondial, et tirées de 1922 à 1927; chacun des sujets avait d’abord été conçu sous forme de dessin à l’encre de Chine, puis transformé en peintures, sur quoi intervint une mise en œuvre. L’artiste n’a pas caché, dans la préface de l’album, l’énormité de son labeur. s Il convenait, parait-il, que le cuivre reçût d’abord une empreinte de mon dessin. Partant de là, j’ai. et avec quelle peine, tenté de préserver le rythme et le dessin initial sur chaque planche, avec plus ou moins de bonheur ; sans cesse ni arrêt, j’ai travaillé avec différents outils : il n’y a là aucun secret ; insatisfait, je reprenais le sujet indéfiniment, réalisant jusqu’à douze ou quinze essais successifs. » Ces outils, ces « chimies », ces procédés, géné-ralement empiriques d’ailleurs burin, roulette, papier de verre, papier émeri, limes, grattoirs, morsures déposées à l’aide d’un pinceau sous couverture. Peut-être eût-il été-plus simple et plus rationnel de recourir à des techniques éprouvées par’ la tradi-tion, mais ce sont actes d’humilité auxquels les artistes de cette classe se plient difficilement. Au surplus, on ne peut nier la réussite de la plupart des planches où le jeu des noirs et des blancs créent de puissantes harmonies. L’ensemble se rattache aux misères de la guerre, à la grandeur des sacrifices, aux atrocités et aux hypocrisies de la haine, que Georges Rouault exprime avec une ferveur mystique et qu’il souligne de légendes de son cru ou empruntées à l’Ecriture. Il s’y montre d’ailleurs fort divers, nous apparaissant tour à tour vigoureusement réaliste, humoriste avec indulgence, ou satirique impitoyable, selon sa formule la plus connue. Un monument… aussi bien par la qualité que par le volume et le poids… L’album, édité par l’Etoile filante et diffusé par la Galerie des Garets, a 65 cm. de haut sur 50 cm. de large et pèse 20 kg. environ ; il faudra inventer un nouveau lutrin pour le porter. Un livre sur l’art Les hôtels du Marais, de Georges Pillement (Editions Terra). — On sera heureux de trou-ver revue et augmentée cette nouvelle édition du véhé-ment réquisitoire de notre confrère Georges Pillement contre les « barbares s quia se sont acharnés à détruire Paris… ceux-là même qui avaient à charge d’admi-nistrer notre ville s, et de ses savantes et vivantes descriptions des édifices, nombreux, encore heureu-sement, qui ont échappé au désastre. Après avoir évoqué la place des Vosges ou plutôt la place Royale et ses restes imposants, ce sont quarante-cinq hôtels du vieux et jadis très aristocratique quartier du Marais dont il nous raconte l’histoire et nous dit les beautés toujours appréciables malgré les vérues de trop nombreuses constructions parasitaires. L’auteur a photographié lui-même ces lieux qu’il aime, ce qui a permis d’illustrer son livre de soixante-quatre belles images. L’ANNÉE 1948 – RELIÉ EN UN FORT VOLUME DE LA REVUE MOBILIER ET DÉCORATION 600 PAGES – 1000 ILLUSTRATIONS TIRAGE LIMITÉ A 50 EXEMPLAIRES Prix : 2.500 fr. 76, Avenue de Suffren – PARIS (15,) C.C.P. Paris 678-19 GEORGES GOETZ DÉCORATEUR ENSEMBLIER 52, rue de Provence – PARIS INV. 65-32 Le Ger. Edmond HONORÉ – I tcreestre IN» PRINTED IN FRANCE Lang, Ois ong et Cie 30, rue Ou Poteau Pas, (18•) — 31.1050