LE BOULET ET LE TRAVAIL A L’ÉCHOPPE. – POINÇON DE LA MÉDAILLE DE PAUL PAINLEVÉ. A3RÉ RNAUD GRAVEUR EN MÉDAILLES ET ORFÈVRE ■ médaille a pour soeur la 4 racaille, la maille, petite monnaie et toutes deux, par leur forme, monnaie et médaille, sont des astres minus-cules tombés du ciel sur nos poitrines ou dans nos bourses. Médaille et monnaie d’or figurent (les soleils d’argent, des lunes de bronze, des planètes. Mais la monnaie se cache et laisse à des billets le soin (l’occuper la scène. Une substitution de papier aboutit, dirait Paul Valéry, à une absence de métal. La médaille, au contraire, n’abdique pas et demeure l’obole sidérale que les nations offrent à leurs grands hommes, à leurs héros, à leur prix de vertus. Pourquoi donc faut-il que l’art si noble des médailles subisse actuellement une crise de qualité ? Le génie du monde, son héroïsme, son altruisme sont-ils en baisse ? Nullement. La faute en revient à un machinisme mal appliqué et à une pédagogie de Gribouille en ce qui concerne la formation des futurs graveurs de médailles frappées. Dans la seconde moitié du lux. siècle on inventa une machine à réduire. On prétendait avec elle, dépasser le xvi le siècle français, pourtant apogée de la médaille. Alors les Warin, les Dupré, avaient porté la frappe à sa perfection en utilisant des balanciers et des presses à vis. De plus, ils ajoutèrent aux outils usants, des outils coupants, qui intervenaient avec plus de hardiesse, de rapidité, de bonheur. André Rivaud, dans une intéressante conférence, a précisé la préparation technique d’une médaille : « le graveur, dit-il, gravait en relief la tête de profil, sur un poinçon d’acier silhouetté ; puis après l’avoir trempé, il l’enfonçait au centre d’une matrice d’acier rond, d’un diamètre largement supérieur à celui de la médaille. Ayant ainsi obtenu une parfaite empreinte en creux de la tête, il gravait ou tournait, en creux également, le listel. Alors, à l’aide de poinçons de lettres, il enfonçait l’inscription circulaire, harmonisant le tout à l’outil. Enfin il polissait à la pierre la surface de la matrice. Pour le revers, le plus souvent les motifs étaient gravés directement en creux. La lettre était frappée à l’aide de poinçons ; puis on frappait les épreuves, entre ces deux matrices une fois trempées.