MOBILIER & DÉCORATION 57 ne point permettre à un jeune peintre d’adopter des maîtres et de peindre à leur manière. L’imi-tation est une nécessité féconde, aussi flatteuse pour les disciples qui ont su choisir de bons maîtres que pour les maîtres qui ont su attirer vers eux de bons disciples. Ceci dit, je crois qu’il faut avoir vu d’un oeil bien superficiel les peintures de Cavaillès et celles de Matisse et de Bonnard pour dé-couvrir entre elles autre chose que des affinités. Le jeune peintre a subi l’enchantement de cette féerie de couleurs et de ce graphisme aérien. Plus proche qu’eux de la nature, plus terrien, il laisse moins de place au rêve et cerne de plus l’1,1,11, 1,, ROSH près la réalité du monde tangible. J’entendis un jour un peintre qui se plaignait d’un de ses con-frères, lui reprochant de lui avoir « chipé son gris ». On arrivera bientôt à demander pour la créa-tion picturale des brevets d’inven-tion !… Que chacun s’inspire des maîtres qu’il aime. Là est la raison. Et qu’il traite les mêmes sujets qu’eux si bon lui semble. On a peint beaucoup de madones à Sienne et beaucoup d’Apollons à Versailles. On a peint beaucoup de peupliers après Corot et de pommes après Cézanne. Et tant pis pour ceux qui croient pouvoir imiter Chardin en figurant un couteau au bord d’une table! LA LOGE