56 MOBILIER & DÉCORATION trouve au fond de son coeur de quoi satisfaire son secret désir d’éva-sion. Et c’est pourquoi il sait nous donner du monde cette transfigu-;‘’ ration poétique. Première évasion. Cavaillès est employé à Carmaux comme dessi-nateur industriel. Sorti des Arts et Métiers, il fait des dessins de ma-chines à longueur de journée. Connaissant le tempérament probe, sincère et appliqué qui l’anime, j’imagine qu’il fabriquait au compas et au tire-ligne d’excellents ouvrages et qu’il aurait pu suivre ainsi une fort honorable carrière. Mais l’artiste-né, même s’il est un sage, surtout s’il est un sage, ne peut se contenter d’une médiocrité satis-faisante que condamne son coeur. Cavaillès n’avait pas vingt ans qu’il tentait la grande aventure. Riche de ses seuls espoirs, il arrivait à Paris avec son insé-parable ami Limouse qui, suivant le même périple, habite encore à côté de lui aujourd’hui. On lui avait parlé de l’Académie Julian. C’est donc là qu’il devait apprendre à peindre. Que de temps perdu! Quelle patiente quête des moyens d’expression susceptibles de répondre aux frémissements de sa sensi-bilité ! Il s’attarde au Louvre et trouve sans doute là des maîtres qui le tou-chent davantage que Messieurs Laurens. Il visite des salons, des galeries. Il découvre Matisse et Bonnard. Que n’a-t-on pas dit sur Cavaillès et l’influence de Matisse et de Bonnard ? D’abord, il faudrait bien trancher la question une fois pour toutes. Je considère que c’est une incroyable absurdité de notre époque (parmi quelques autres) de RUE DE NAPLES