ECHOS DES ARTS rapport qui sera présenté aux chambres turques par le ministère compétent à l’effet d’obtenir les crédits nécessaires pour les travaux, qu’on estime aussi longs que dispendieux. Si l’on se base sur les différents avis émis, déjà, par les architectes, les séances de cette commission seront plutôt mouvementées. En effet, MM. Mareogoni et Jackson jugent, d’une part, l’état de Sainte-Sophie très précaire et deman-dent la restauration complète du monument. D’autre part, tout en estimant nécessaires quelques travaux de consolida-tion — d’exécution facile et d’un coût relativement peu élevé, — M. Henri Prost ne croit guére le monument me-nacé. Pour lui, ces tassements et ces faiblissements ne datent pas d’hier, mais d’une époque très voisine de la réédification de l’édifice, au tris siècle, par l’empereur Jus-tinien. Quoiqu’il en soit, souhaitons, pour la plus grande gloire du merveilleux chef-d’ocuvre, que la commission se mette d’accord sur les travaux nécessaires à sa conservation et que ces travaux soient exécutes avec tout le respect que com-mande un semblable édifice. Je ne puis mieux faire, pour terminer cette chronique, que de reproduire, à cette place, qu’émettait na-guère, à ce sujet, dans le Slarnbonl, mon excellent ami Régis Delbeuf e Il n’est venu à l’esprit de personne, écrit-il, la pensée de procéder à l’on ne sait quelle restauration ambitieuse de Sainte-Sophie. Ce ne serait pas seulement une œuvre im-prudente, ce serait un acte de haute inconvenance. Il est des monuments qu’on n’a pas le droit de restaurer. On les console. C’est tout ce qu’on a le devoir de tenter pour eux. L’admiration des siècles met Sainte-Sophie au-dessus des tripatouillages des e restaurateurs tt. Espérons que cette opinion, qui devrait étre sans cesse présente â la mémoire de tous Ive conservateurs de monu-ments historiques, sera aussi celle, à l’unanimité, de la com-mission internationale entre les mains de laquelle sera confié, bientôt, le sort du plus précieux joyau de l’Art Byzantin. ADOLPHE THAU… Echos des Arts Fouilles et Découvertes. Une lettre de M. de Mély signale a l’Académie des Ins-criptions et Belles-Lettres la découverte, dans un dragage, à Merville (Nord), prés de la Lys, de trois grandes statues de bronze, qui viennent d’étre acquises par le musée de Lille. Ces trois statues, qui mesurent cinquante ou soixante centimètres de haut, doivent remonter au second siècle de notre ère t elles représentent Mercure, Mars et Jupiter. La première, admirablement conservée, recouverte d’une belle patine bleuâtre, se trouve, parait-il, argentée ; les deux autres sont brisées. M. de Mély, au sujet de cette décou-verte, cite un texte du bréviaire de Gand qui signale la destruction, par saint Amand, d’un temple de Mercure, existant précisément sur les bords de la Lys, quand ce saint, au yne siècle, vint évangéliser les Flandres. .ât Les fouilles que la Faculté des Lettres de Lyon a récem-ment entreprises sur la colline de Fourvières ont déjà pro-duit des résultats très satisfaisants. L’une des dernières explorations a fait découvrir un mur d’enceinte dont on a déjà mis quarante mètres à découvert, puis le commencement d’un vaste édifice dont les murs ont plus d’un métre d’épaisseur et qui, pour une seule salle, présente une surface de plus de trente mètres carrés. Mais la trouvaille la plus importante est celle d’une su-perbe mosaïque destinée au musée de Lyon, et qui fera un digne pendant à celle qui y existe déjà et qui représente des eux du cirque. Ce chef-d’œuvre, enfoui dans le sol depuis une quinzaine de siècles au moins et qui, bien qu’incomplet, mesure encore quatorze mètres carrés avec bordures faites d’un carrelage noir, blanc et rouge, aussi en mosatque, représente Bacchus adolescent assis sur une panthère. Il est couronné de pampre ou de lierre. Quelques endroits du tableau sont endommagés, notamment le front de Bacchus ainsi que la téte et le corps de l’animal; quant aux lignes des contours, elles sont intactes. Les deux sujets placés au-dessous du Bacchus sont par-faitement conserves. Ce sont deux tétes plus grandes que nature, en longueur et s’opposant par le sommet ; à droite, une tete de femme voilée et couronnée de feuillage ; à gau-che, une tète de jeune homme à la chevelure blonde ceinte d’une couronne et retombant en boucles sur les épaules dont la droite est nue et la gauche couverte d’un manteau. Des deux sujets placés au-dessus du Bacchus, celui de gau-che a complètement péri; de celui de droite, il ne subsiste plus qu’une partie de la coiffure et du front, ce qui rend presque impossible l’identification des deux figures qui restent. L’élégance et la sobriété avec lesquelles sont traités le groupe central et les sujets latéraux, la grâce et l’expression des visages et des attitudes, la pureté des lignes, le choix délicat des couleurs, tout contribue à faire de cette mosaïque, un spécimen remarquable du genre dit Antonien. Dons et Achats. Le musée du Louvre vient de s’enrichir de superbes des-sins de l’école anglaise, offerts par M. E. M. Hodgkins et remis par lui à M. Dujardin-Beaurnetz, sous-secrétaire d’Etat des Beaux-Arts. La donation de M. Hodgkin com-porte six portraits de personnages connus, exécutés à la mine de plomb, au fusain et à la plume, aquarelles ou gouaches. Trois sont l’oeuvre de John Dosent., deux sont signés de Richard Cosway, un de sir Lawrence, morceaux très importants et d’une qualité exceptionnelle. sr Monuments. Le sculpteur Dubois vient de présenter au comité Gérard de Nerval la maquette définitive du monument projeté. D’importantes décisions ont été prises par le comité en vue de l’érection de ce monument, digne du poète des Chionbes et digne de Paris. Les souscriptions sont reçues chez M. Paul Gallimard, trésorier, 79, me Saint-Lazare. 287