L’ART ET LES ARTISTES Deutéronome, où il est écrit que l’homme et la femme ne peuvent pas être vêtus de la même façon. Après ce pasteur, un député. Un certain membre de notre Parlement a déclaré récem-ment a qu’un pays peut se passer d’art et non pas de boudes mœ Etrs». de pareilles inepties se débitent du haut de la tribune, dans un pays qui, plus qu’un autre, doit sa survie et sa gloire à son élite artistique et intellectuelle, à ses larges prin-cipes de liberté morale au :wu« siècle, à ses Jan Steen, Hals, Rembrandt, Vondel, Grotius, Spinosa! Un fait d’un autre genre, très remarquable au point de vue social, en son dessin général, est la création d’une fédé-ration de toutes les sociétés d’art et d’art appliqué de la Hollande. Il y a quelques années je parlais dans cette Revue (t. VI) des actes de piraterie vraiment excessifs commis chez nous en matière d’art, de littérature, de musique, etc. Je citais quelques exemples de l’anarchie où peut mener une liberté trop grande sur le terrain artistique, et les légaux, mais illé-gitimes abus qui se commettent, sans que les auteurs aient aucun pouvoir de faire respecter leurs oeuvres. Désormais il faut espérer que cet état de choses changera, car la deuxième Chambre des Etats-Généraux s’est prononcée en faveur de l’adhésion de la Hollande à la Convention de Berne. Il ne reste plus à obtenir que l’approbation de la première Chambre, notre Sénat, et J’t faire les lois nécessaires. Tout cela n’est donc pas encore terminé et un mouvement d’opposition se dessine, provenant du côté de certains li-braires et éditeurs peu scrupuleux, qui ont tout avantage à publier des feuilletons et des livres traduits sans l’autorisa-tion des auteurs. Il est cependant à espérer que des „mmurs» aussi mau valses seront officiellement réprouvées et bientôt rendues impossibles. Notre Société de Gens de Lettres a eu la belle idée de cette Fédération, dans le but de permettre aux artistes de tous genres de sauvegarder leurs droits d’auteur et elle voudraiet aussi voir se créer à Amsterdam, notre capitale, un vaste édifice, comportant salles de théâtre, d’exposition, de conférences et de club, en vue de favoriser le développement des Arts en général. Dans ce vaste bàfirnent, qui répondrait à toutes les exi-genres modernes, il se tiendraient les congrès, les exposi-tions, etc. Et, chose essentielle, il y existerait un « Bureau s auquel les membres des Sociétés fédérées pourraient venir demander conseil et qui s’occuperait de la défense de leurs droits. En outre on fonderait une publication, organe officiel de la Fédération. Le projet est grandiose et la Société des &rivait,’ hollandais a reçu de nombreuses adhésions presque toutes les Sociétés artistiques du pays se sont fait représenter aux premières réunions où ces projets ont été débattus. On demanderait une minime contribution aux membres, dont le nombre est tel qu’il permet déjà de tabler sur un revenu assez consi-dérable. Je crois cette idée de Fédération neuve et je ne vois pas d’autres pays ou de semblables associations existent. C’est un grand pas dans la bonne voie et j’entrevois déjà dans l’avenir des fédérations de ce genre, créées dans divers pays, se fédérant à leur tour et amenant ainsi une entente internationale entre les artistes du monde enter, chose qui ne peut que contribuer brillamment à la formation de ce que Théodore de’ Banville appelait dans un article de journal «Autre Académie,, c’est-à-dire une union, par dessus les frontiœes, des artistes et des intellectuels de toutes nationa-lités. Les derniers on-dit permettent de croire que toutes les difficultés matérielles pourront être surmontées. Ph. ZILCA EN. ORIENT r‘ONSTANTINOPLE. — CONSOLIDATION DE SAINTE-SOP.E. — Un tassement plusieurs fois séculaire ayant fait fléchir un des gros piliers qui soutiennent l’immense cou-pole d’Affilia-Sophia, le ministére de l’Evcaf, ou des FOIS-dations pieuses, a décidé la consolidation de la mosquée qui est le chef-d’œuvre et en même temps le prototype de l’architecture byzantine. A cet effet, une commission internationale d’architectes éminents a été constituée. Elle siégera à Constantinople, sous la présidence de Kémal-Eddin Bey, architecte en chef du ministére de l’Evcaf et elle aura pour objet l’étude des moyens pratiques pour la consolidation du précieux mo-nument. La France est dignement représentée, dans cette commis-sion, par M. Henri Prost, grand-prix de Rome, architecte diplômé du Gouvernement, qui a plusieurs fois, déjà, fait le voyage de Paris à Constantinople pour visiter et examiner la fameuse mosquée et qui a consigné le résultat de ces visites et de ces examens dans des ouvrages spéciaux qui font, aujourd’hui, autorité. De plus, M. Henri Prost a, dernièrement, présenté au ministère de l’Evcaf un relevé et un rapport sommaires de Sainte-Sophie, et sa compétence en la matière a été à si haut point appréciée par le gouvernement ottoman, que c’est à lui que le ministère des Fondations pieuses a de-mandé le relevé et le rapport détaillés de la mosquée. Après un dernier voyage à Constantinople, en juin dernier, M. Henri Prost est rentré â Paris où, dans son cabinet de travail du quai de la Tournelle, il dresse le relevé et fait le rapport qui doivent servir de bases aux travaux de la com-mission. Ont été aussi nommés pour faire partie de cette commis-sion, l’architecte anglais M. Jackson qui, à son tour, con-naît de longue date, et en ses moindres détails, le chef-d’oeuvre byzantin, et l’architecte italien M. Marengoni qui l’a, également, visité à plusieurs reprises et qui lui a consa-cré de très intéressants travaux. Dés que l’architecte allemand — non encore nommé, et qui, aux termes de l’invitation faire par le gouvernement ottoman à l’Ecole polytechnique de Berlin, « devantre un spécialiste », — aura été désigné, la commission sera con-voquée à Constantinople où, dans un bureau technique spé-cialement créé pour elle au ministère de l’Evcaf, elle aura à étudier le degré de fléchissement de la grosse colonne, les causes de ce fléchissement, et enfin les moyens pratiques de consolidation du pilier. Ces trois points feront l’objet d’un 286