LE MOUVEMENT ARTISTIQUE A L’ÉTRANGER jonction aux principales lignes, et de ces petites gares, tun-nels et viaducs, qui sont en leur genre, autant de chefs-d’oeuvre, les passagers des express ne voient rien. Aussi, le prennent-ils de très haut à l’égard de la ville impériale jus-qu’au moment où la voiture ou l’omnibus, qui les emporte à l’hôtel, ait atteint soit le Ring, soit le Canal du Danube. Je ne saurais assez recommander l’arrivée par le bateau, tant â cause des paysages de la Basse-Autriche, traversés toute une journée, que du contraste que leur ménage l’entrée du canal de Nussdorf. Au moment où les deux buttes sées du Leopoldsberg et du leahlenberg sont dépassées et où la la fumée et les mille cheminées d’usine annoncent, orbitée autour de la flèche lointaine de Saint-Etienne, une banlieue industrielle d’une infatigable activité, la ligne rigide du fleuve régularisé court droit dans la direction de la Hongrie, évitant la ville sous la succession de ponts métalliques du Prater. Alors, sou-dain, au canal qui se présente à l’improviste — un fleuve comme la Seine — des constructions formidables font une sorte de portique, et, sur sa pyramide,un lion plant en vigie. de toute sa silhouette, annonce que le cours normal des choses est change. Er impérieusement, ce appareil cyclo-péen détourne l’attention du fleuve au profit de la ville. Dés lors, on marche de surprise en surprise. Cette transfor-mation de Vienne moderne n’a été étudiée, à cemon savoir, dans aucune revue d’art française. Elle est ruvre avant tout d’un homme, le maitre Otto Wagner, à qui l’Alle-magne l’Autriche unanimes décernent le titre de premier des architectes modernes, ce que je constate une fois de plus sans discuter. Malheureusement la gloire a tort de s’appeler une seconde fois Wagner. Or, le treize juillet de cette année, il vient de célébrer ses soixante-dix ans, l’auteur de cette impérialiste modification de l’aspect d’une capitale de deux millions d’habitants, qui a fait des faubourgs jadis les plus infinies et les plus bonhommes du monde, les fau-bourgs de Beethoven et de Schubert et encore du vieux Bruckner, une des étapes les plus formidables du génie in-dustriel en main de renouveller la face du aronde, quelque chose comme une vision de cette cité de pierre et de fer de demain, qui joint et s’assimile tout à coup sur un des points les plus vénérables de la vieille Europe, l’Amérique et l’As-syro-Babylonie. Et désormais la ville de Klimt et de Mahler s’annonce, avec un décor adéquat, dés le site qui fut celui de la Pastorale. Le long règne de François-Joseph, marqué par tant de revers politiques et de catastrophes intimes, demeurera cependantun des plus brillants de l’histoire de la culture européenne pour deux raisons le réveil des nationa-lités slaves de la monarchie et, sur tout son territoire, une efflorescence artistique et musicale qui n obéi, depuis les pre-tnieres années durene, à une loi de progression géométriqueconstant. Le point d’arrivée actuel de cette superbe évolution d’un Etat, fait de tant de peuples divers, tous en progrès artistique, est admirablement saisissable â l’esprit lorsqu’en ce montent caniculaire on considère d’une part le Vienne d’aujourd’hui célébrant le jubilé de Otto Wagner, qui non seulement l’a ceinturé d’un système de voies de communications, dusse l’art, admirablement justifié par la fin demeurera un des ments historiques du déve-loppement de l’architecture moderne, et d’autre part, tel petit trou morave, Strarnberk, par exemple, où il n’y a pas vingt maisons de pierre, ouvrant imperturbablement son exposition d’été, celle du peintre Jaroslav Panuska. Elle le lui devait bien, certes, depuis tant d’années que ce paysa-giste et illustrateur de contes fantastiques s’était fait une spécialité de ses raidillons où, sous la vieille tour élancée et unique eu son genre, dégringolent les petites maisons du moven agie slave paysan. De la coupole d’or de l’église de Steinhof, où des étonnantes villas, érigées dans la banlieue de Vienne par ce grand Otto Wagner, dont cependant tes plus belles, les plus or males conceptions sont encore demeurées sur le papier, juigsqu’à une fére d’art local, dans une adorable petite ville de province, que galvanise l’activité dévorante d’un patriote comme le docteur Hrstka ; ou jusqu’a cette exposition de l’ensemble de son oeuvre à laquelle le poète des foules et des brutale, faces individua-listes populaires de Galicie, M. Fryderyk Pautsch nous a conviés à Lwow, c’est la male pulsation de vie intense, animant tout ce grand organisme austro-hongrois, cette double circulation amenant des extrémités paysannes du corps au coeur citadin la sève de l’art populaire ut proposant du coeur aux extrémités l’exemple de quelques superbes artistes isolés qui sont, eux aussi, des majestés conductrices de peuples, un Mahler, un Klimt et ms Mehoffer, un Mes-trovic et un Otto Wagner. WILLIAM Breton HOLLANDE 1,1,11-1I fois, ayant à mentionner quelques faits d’intérêt général, je ne parlerai pas d’expositions. Le premier de ces faits, sans grande importance il est vrai, c’est que le jour de l’ouverture de l’Exposition des Jeunes Amsterdam (le Cercle SI-Lucas), le bourgmestre de la capi-tale a fait décrocher trois tableaux du peintre van Dongen, trois études de nu, parce que les locaux où L’Exposition avait lieu, appartenant à la ville, il avait le droit de faire enlever des œuvres qu’il jugeait, à tort ou â raison, « con-traires aux bonnes moeurs ri. Il est certain que dans ces œuvres un côté de plate e bes-tialité » voulue, soi-disant réaliste es de conception plus littéraire que picturale, donnait prise à la critique d’art de bots goùt et qu’a une exposition absolument publique, dans un puys où les mœurs ont un certaine réserve, prude peut-être, filais de nbon ton n, l’autorité publique a le droit de surveiller les intérêts moraux de ses administres… Je ne crois pas cependant que cet incident ait aucun rap-port avec. les préoccupations « morales ri qui ont agité notre Parlement, lequel vient de créer une espèce de loi Bérenger, défendant l’exhibition et la vente de gravures, livres, etc. piquants n, incitant â ce qu’il est convenu den ommer la licence, le libertinage, l’érotisme, conformément aux tradi-tions moyenrigeuses et calvinistes. Les Grecs en auraient pense autrement, ces admirables artistes de la splendeur du nu! Mais c’est un fait indéniable que l’idée ri bonnes mœurs s varie essentiellement selon les époques, les latitudes et les longtitudes. Du reste, afin de montrer les tendances rétrogrades qui règnent chez nous, tendances qui cassent réjoui Flaubert et qui méritent l’épithète de « hénaurntes ri, ceci : lors du lan-cement de la jupe-culotte, un de nos théologiens protestants, apres avoir consulte les anciens livres juifs, a commenté en de longues colonnes cette mode nouvelle, contraire au 285