Le Mouvement Artistique à l’Étranger ALLEMAGNE Cg beau développement de l’architecture moderne alle-mande, après tout, pourrait-on m’alléguer ne s•rait-il pas réduit au périmètre immédiat des grandes villes où agissent comme à Munich un P. L. TrOOSI, comme à Berlin un Perce Behrens? On me proposera sans doute de m’éloi-gner des lignes de chemins de fer, des bassins industriels, des contrées de villégiatures élégantes. C’est ce j’ai fait l’autre jour. Il y a en Bavière de vastes étendues de maré-cages à demi desséchés, sans autres villages que quelques agglomérations de huttes de tourbiers, les Meer de Freising, de Dachau et de Erding. Ce dernier surtout n’est traversé par aucune route importante. C’est certainement l’un des endroits les plus abandonnés de la terre. Je viens de le par-courir dans les deux sens, ne rencontrant pas vingt per-sonnes en trente kilomètres I En revanche j’ai découvert au fond de ces tourbières dom la flore est si spéciale, des maisons d’école toutes neuves, idéalement Laiches et jolies, et des bàtiments d’administration du goût moderne d’après-demain,qui ont su le plus joliment du monde se plier a leur destination et à leur emplacement dans ces régions deshé-ritées. D’autre part rien n’a égalé en plein Meae de Dachau la découverte d’un restaurant paysan où l’application du modem style à des destinées rurales s’est opérée d’une façon qui, pour le charine, tient du miracle. Qu’importe dés lors si les mondaines de Munich ou de Dresde portent mal les robes entravées. Ce sont là de [rés petits faits, mais je les livre à la méditation des sages comme plus importants que l’existence, dans les pinèdes berlinoises, de la maison Muthesius ou qu’à Cologne de cette maison Meirowsky, née de l’heureuse collaboration de MM. Peter Behrens et Fritz Schumacher, architectes, Fritz Erler, peintre et Georg Wrba, sculpteur. La Secession berlinoise a montré quelques derniers ta-bleaux de Uhde, les Liebermann, Corinth, Slevogt,Trubner et Orlik (une superbe nature morte) de fondation, les puis-santes et gourdes glissades d’enfants dans la neige de M. Walther Klemm, de Dachau, le Midi des fabriques ber-linoises sous la neige de M. Hans Baluschek, un très fin Hans Thoma forestier. On y a revu la Danse du Cheik. de M. Th.-Th. Heine, dont j’ai dit le charme vieille Allemagne en son temps. Inutile d’ajouter qu’il n’y manquait pas les Hodler, impérieusement exigés de mute exposition alle-mande qui se respecte, et que voici désormais fabriqués à la gro,e, un contrage bien éloquent avec cc Dialogue intime de la première manière. — Pendant ce temps on discutait en ville le nouveau four crématoire de M. William Muller. Leipzig voit s’ériger le monument colossal de la Ramille Jet Peuples et les mènes de l’héroide napoléonienne seront sans doute à tout jamais mises en fuite par la plastique nietzscho.bismarkienne de M. Frantz Metzner. — En ville, l’exposition annuelle des Artistes locaux, joints à la société des Artistes allemands, présente un aspect fort satisfaisant et s’honore du nouveau groupe de Klinger, dont la prédi-lection pour la statuaire s’avère de plus en plus. — Le musée d’art industriel de Dresde a hérité de la collection d’étains Demiani, l’une des plus riches qui existe. Des pièces hors ligne de travail français et nurembergeois, de François Briot ou de Gaspar Enderlein la rendaient célébre. Munich à son Théâtre des Artistes, monte des représenta-rions d’opérette qui peuvent passer pour l’idéal du genre. Est-il possible que, chez vous, un homme de la valeur de M. Pela-dan, dont je viens de lire la comme de coutume si sugges-tive étude sur Bah’, y parle encore des costumes de Hans T’imam pour Bayreuth comme d’une actualité! Mais il y a vingt ans quec’est oublié ici. Er Vienne, sous Mahler, il aurait pu voir, il y a sept ou huit ans, dans les décors et costumes de M. Bolier cette mise en scène du drame wagné-rien qu’il croit n’avoir jamais été réalisée! L’Allemagne rend toute justice aux décors russes, mais n’a nul besoin de s’en inspirer. Elle n’a pas mieux. Elle a autre chose. Il ne faut pas oublier en effet que Vienne et Munich, s’ils n’ont pas précédé Moscou et Pêtersbourg dans la voie des réformes, ce qui est une question, ne sont en tout cas jamais demeurés en arrière. Méme Bayreuth qui a cessé de diriger le mouve-ment de réforme est obligé aujourd’hui de marcher et de renouveler de fond en comble sa mise en scène. — Chez Heinemann à Munich n’oublions pas de signaler Imposition des originaux de Simplitissimus. Dans cette rédaction aussi on évolue… Mais le courageux journal satirique d’avant-garde demeure en son genre le plus artistique du monde la seule vérité d’outre-Rhin que les Français acceptent sans protestation; on devine pourquoi. Mais le seul examen de ce fait ouvre des horizons… Car alors pourquoi tout le reste, qui s’inspire des mêmes principes d’art, ne vaudrait-il rien AUTRICHE=HONGRIE JE ne sais pas de spectacle plus Impressionnant, ,onlrne abord d’une des grandes cités mondiales, que l’arrivée à Vienne par le Danube, celle que ne choisissent jamais les voyageurs venant des capitales étrangères. Les gares princi-WILLIAM Rince. pale, mn e bons plus d la hauteur de leur service, elles, ne parlent que de cet état stationnaire et de ces façons réaction-naires tant reprochées à l’Autriche d’il y a vingt ans. De l’étonnant système de double chemin de fer de ceinture, avec 284