L’ART ET LES ARTISTES L. BAKST — PROJET DE DÉCOR POUR « ŒDIPE A COLONE n, DE SOPHOCLE On, être, mais la même volonté de a déblayer s le terrain de tous les praticables inutiles, de ne pas disperser l’attention sur de menus détails et de produire un effet unique, une impression profonde, inoubliable. Ah ! la neige sur les remparts d’Else-neur, au r.racte d’Haenlet et le spectre apparaissant entre deux créneaux ! Tous ces succès, au moins succès d’artistes, nous prédisposaient à accueillir favorablement la tenta-tive du Théâtre des Arts à Paris. M. Rouché, le très fin et très brillant directeur de la Grande Revue, se proposait de tenter ce qui avait réussi à Munich et en Russie. Il louait à cet effet le Théâtre des Arts et cherchait dans la jeune école de peinture,au Salon d’automne et ailleurs, chez les littérateurs, les musiciens, les hommes capables de réaliser avec lui cette union de tous les arts dont on avait tant parlé et cette nouvelle conception du décor. Il est infiniment curieux de voir associés dans cette tenta-tive le nom de M. Charles Guérin à celui de Mont-verdi, M. Sert à Calderon, d’Espagnat à Alfred de Musset, Albert André à Gabriele d’Annunzio, Maurice Denis à André Suarès, M. Paul Poiret à Maurice de Faramond. L’accouplement de ces noms ne manque pas de saveur. Je ne puis décrire en détail les oeuvres qu’ils signent; il y faudrait un volume, et l’on n’a pas oublié le livre que M. Rou-ché a excellemment écrit, en connaissance de 282 cause, sur les problèmes qui le passionnaient. Je veux retenir, comme une preuve significative de cette inlassable volonté, le spectacle qui a clôturé la saison du Théâtre des Arts. Il compressait trois pièces : Le Sicilen ou L’Autour peintre, de Molière, Le Chagrin dans le Palais de Han, un drame en cinq actes, tiré par M. Louis Laloy d’un drame chinois de Ma-Tcheu-Yen (sic); et Les Fêles d’Hébé, un opéra-ballet de Rameau. M. Dresa avait dessiné pour le premier des costumes délicieux, opposition de costumes à la française et de costumes orien-taux; M. René Piot, pour le drame chinois, avait peint, sur un fond de décor un peu maigre, des costumes où semblait passer toute la somptuosité des rêves de l’Orient; et enfin, pour le ballet de Rameau, il avait su composer une toile de fond adorablement lumineuse, la vision attendrie, légère, transparente d’une nature chimérique, avec des réminiscences provençales et peuplée, comme il convient, de bergers amoureux, de nymphes et de faunes. M. Rouché n’est pas tombé dans l’erreur des directeurs de théâtre qui, pour dormir tranquilles, s’adressent toujours à un professionnel du décor, au même professionnel,qui affirme inlassablement, à propos des pièces les plus diverses d’inspiration, la même mentalité. Il a parfaitement compris qu’un directeur de théâtre doit pouvoir apprécier