L’ART DÉCORATIF Mosrou 1,pmer d un; perdu, de…live p.. le palais Rupert, L. IIAKST — LES TROUPEAUX DE DAPHNIS SE SÉPARENT DES TROUPEAUX DE CHLOÉ A LA TOMBÉE DU SOIR (GOUACHE) d’arbres, de bosquets, de meubles, de fabriques en carton. Peut-être pourrais-je indiquer comme un effort intéressant le nouveau décor de la Nuit de Valpurg,is, dans le Faust de Gounod, qui nous a fait penser à un Gustave Moreau. Il faut chercher ailleurs des espoirs consolants et tâcher de nous persuader que l’effort des ballets russes n’est pas isolé ni prématuré, et tend à se généraliser. Il convient de le rapprocher en effet de plusieurs autres manifestations analogues : ce sont d’abord les représentations de l’Oiseau bleu, de Maurice Maeterlinck, avec les costumes et les décors de M. Ségorof; ensuite celles qui ont été organisées à Munich par le Théâtre des Artistes; puis celles du Théâtre des Arts à Paris. Il serait intéressant de confronter quelques dates et de savoir à qui appartient la priorité de ces initiatives qui nous ont ravi. Les Russes ont-ils emprunté aux Allemands ou les Allemands aux Russes ? Je n’en sais rien ; on affirmera que la tentative du Théâtre des Arts, à Paris, remonte à 19 to et a suivi, quant à l’ordre chronologique, Munich ou les Russes; je répliquerai que bien avant les Russes et les Munichois, des Français, ainsi que je l’ai expliqué, ici même, l’an dernier, avaient tâché de réaliser au théâtre l’union de tous les arts; l’effort de l’école de Munich, dont on a vu l’aboutissement à Paris, au Salon d’automne de 191o, ne ressemble pas à une improvisation; quant à celui des Russes, il remonte à quinze ans, et il ne sera pas indiffé-rent à nos lecteurs d’en connaître l’origine. Quelques jeunes gens, lassés d’un goût acadé-mique, sans caractère, passionnés de nouveau, crurent le trouver dans l’art populaire russe. Ils fondèrent un journal hebdomadaire illustré, le Choret—ce qui veut dire leFou,—où ils publièrent les sources de leur renaissance. Par exemple, utili-sant un vieux texte, une ancienne légende locale, ils l’interprétaient en images de couleur, à la fois vives et harmonieuses, où tout exprimait l’âme russe : le thème choisi qui en évoquait l’inspiration rêveuse, l’exécution qui rappelait par sa simplicité les icones et les miniatures persanes, et par la truc-culence des tonalités, la saveur étrange et le ragoût puissant des vieilles étoffes teintes aux couleurs végétales. Bakst fut un des premiers collaborateurs du Choret, qui a disparu, mais qui a légué à la Russie sa jeune école de peinture. En parcourant au Salon d’automne, en 19to, la salle consacrée par les Munichois aux arts du théâtre et en voyant les admirables costumes uti-lisés par leur Théâtre des Artistes pour les Oiseaux d’Aristophane, et les décors d’Handeb, des Tançle-gender, de Cornette il vous plaira, j’avais ressenti une impression analogue à celle des ballets russes : des couleurs moins savoureuses, moins franches peut-281