L’ART ET LES ARTISTES Sa participation active aux expositions d’Italie lui vaut les faveurs du Roi, qui le nonante officier de la Couronne d’Italie. * * J’ai déjà dit que M. Alfred Smith était un peintre des plus complexes, dont l’oeuvre est féconde et infiniment variée. Ce que j’ai omis d’ajouter, c’est que, s’il s’inscrit parmi les orientalistes de belle marque et les meilleurs peintres de Venise, il peut prétendre encore à juste titre à être considéré comme un peintre éminemment parisien, dont plusieurs des Vues de Paris ont été très remarquées et commentées par la presse artistique. Le musée de Pau détient une jolie toile de cet artiste, intitu-lée L’Averse place de la Concorde. La ville de Paris a acquis jadis un de ses tableaux : Fin de Courses, à Auteuil. A un des derniers Salons, on a pu admirer un Effet de Pluie, place de la Bastille. Il a rendu à mer-veille ce côté affairé de la vie parisienne, le mou-vement de la foule, des voitures, le reflet de cette multitude dans les flaques d’eau, et cette harmonie grise et si fine, si prenante de la grande ville, en variant avec agrément ce thème si exploité par d’aucuns de ses confrères. Le musée de Cognac détient une Vue de la place de la Concorde, au Printemps. Et je passe ses Vues de la rue Royale: ses Allées du Bois, qui appartiennent à des amateurs amoureux de son art. Le musée de Bordeaux possède de lui une grande toile qu’Alfred Smith a désignée comme étant une i. synthèse de la population » de sa ville natale, si suggestive d’aspect également Les Quais de Bor-deaux,le soir. En Arnérique,au nausée de Savannah, Vue du Port de Bordeaux, en Hiver. Mais, depuis plusieurs années déjà, la figure récréait ses heures de travail. On doit à l’orgueil de son pinceau de ravissants portraits de jeunes femmes en plein air, conçus dans une charmante note de lumière. En témoignent, au dernier Salon de la « Nationale », ses figures, dans des jardins, d’une gracieuse distinction, d’une belle sonorité d’accents. En plus de ces qualités de peintre de tableaux de chevalet, M. Alfred Smith recèle en soi des dons tout à fait remarquables de décorateur. Son panneau Décor d’Automne, où l’on perçoit la très heureuse influence de Roll, avec son cortège de bacchantes, personnifiant l’âme de la Forèt, laisse assez présager de quelles abondantes ressources son talent fertile pourrait faire montre, s’il avait le loisir de les utiliser en des décorations murales où sa verve et sa naturelle expansion de coloriste intelli-gent et averti se donneraient libre cours. Il est à souhaiter que les pouvoirs publics lui en fournissent les moyens et que, prochainement, lui soit confiée la décoration, ou une part tout au moins, d’un monument quelconque de la ville de Paris. GEORGES DENOINVILLE. HALTE DE BOHÉMIENS 276