L’ART ET LES ARTISTES JEUNE FILLE SOUS BOIS pied des bois de pins rageurs et au bord des ravins profonds, comme des rivières d’or en fusion. Et l’on ne peut décemment tenir rigueur à un véritable artiste de subir plusieurs influences. Influencé par Claude Monet, je retrouve en d’autres oeuvres de M. A. Smith, plus réaliste alors, des influences de Millet et de Courbet, dont il a parfois la fougue un peu romantique encore, en d’aucunes études de troncs d’arbres tout sertis de mousses et drapés de lichens mordorés. Comme il s’attaque aussi à de dramatiques effets, à des motifs pleins de contrastes et d’antithèses, dont la nature est si prodigue aux jours de tempête; alors que rayonnent dans les nuées les fines arcatures nuan-cées des arc-en-ciel, précurseurs des embellies… Tout est beau, d’ailleurs, à peindre et M. Alfred Smith est avant tout un peintre, que rien ne rebute ni ne décourage, car il possède à fond son métier et le pratique en virtuose consommé et en maître. * * Revenons un peu en arrière, aux débuts du sym-pathique artiste. Music nr Rom,. M. Alfred Smith a un double mérite, qui ne lui est pas spécial, mais quine lui en crée pas moins un droit de plus à notre amical intérêt. Il eût pu se dispenser d’être peintre !… Tout comme Diaz, son génial compatriote, qui travaillait chez un fabricant de porcelaine, Alfred Smith, ses études faites au lycée de Bordeaux, avait un poste dans une banque où il gagnait largement sa vie. Il avait perdu son père de bonne heure et de lourdes charges familiales l’accablaient. N’importe! comme Diaz, ce moderne Corrège, il voulut être peintre et le fut. Contrairement à lui, Diaz, ce magicien de la lumière, n’alla jamais en Orient. Dans l’histoire des pein-tres, combien on relève d’exemples de ténacité! Depuis Corot qui, lui aussi, devint peintre par inclination, malgré la résistance de son père qui lui disait, chaque fois qu’il dénonçait son désir d’être artiste : Retourne à ton magasin !… Baudry, fils de sabotier, qui vint à Paris, de Vendée, en sabots, avec le désir d’arriver quand même et que ses fresques de l’Opéra ont rendu si célèbre. Tant d’autres encore !… Néanmoins, si M. Alfred Smith croit devoir beaucoup à cette nature qui l’a inspiré, il ne pré-tend cependant point s’être fait tout seul. On est toujours l’élève de quelqu’un. Qu’il eût eu le feu sacré, c’était naturel, car on liait, il faut bien le dire, peintre ou musicien, des bords de la Garonne 274 COIN DE RIO (VENISE)