ALFRED SMITH Pbol. Alina LE, ISSU .1 BORDEAUX (LE MATIN) primesautier, complexe, M. Alfred Smith ne s’est heureusement pas cantonné dans une spécialité ; il n’a pu se résoudre à exploiter à satiété le même sujet et à se parquer dans une même manière de faire. Si Venise a été pour lui la terre de salut, où son talent a pris son essor radieux, la France, sa mère-patrie, le rappela… Elle lui paraît désormais plus belle que jamais… Il va l’explorer en croyant… Au contact du soleil d’Orient, sa palette s’est illuminée de tons clairs. Elle est faite de chrome et d’or, de topaze et de lapis, d’émeraude et d’argent. Elle chante désormais la gloire souveraine du soleil. M. Alfred Smith a ramené, comme un conquérant, un riche butin d’apothéoses et de mirages enchan-teurs… Il s’aperçoit seulement alors que le soleil du midi de la France est proche parent de celui de Venise ; que la Provence est admirable et que le poète Frédéric Mistral n’en a pas exagéré l’immor-telle beauté que célèbre chaque jour le choeur des cigales… Il s’attarde au pied des monts de l’Esterel ; puis il remonte vers la Côte-d’Or et en rapporte des paysages pleins de caractère. Sa vision s’est exacer-bée. Tout ce qu’il crée porte la marque de cette Exmition dr sujétion vibrante. A son insu, il se trouve cadrer d’inspirations, après Manet, avec Claude Monet et les oeuvres de certains impressionnistes. Il se fait l’interprète raisonné de la clarté, le théoricien résolu de décomposition de la lumière, dont il retrouve les accords enivrants, partout dans la nature et sur les physionomies. Il devient véri-tablement le peintre du plein air… Il peint des clairières, l’été, illuminées par les rayons du soleil; il y campe des figures de femmes et d’enfants, grandeur nature. Quelles harmonies ! Quelles délices !… Alfred Smith voudrait tout peindre, tout retenir, tout décrire. Sa fougue est débordante ; mais il ne se départ pas des qualités d’équilibre dans la com-position de ses tableaux et les valeurs se tiennent sans cesse. La figure, j’ai dit, l’attire au même titre que le paysage et la mariste. La Bretagne, cette terre encore vierge, devait le séduire. Son sol se prête si heureusement au déve-loppement logique de la lumière et se pare de telles couleurs ! Il y a encore là-bas des chaumes à peindre et des champs d’ajoncs en fleurs qui semblent, au 273