SOUS-BOIS ALFRED SMITH IL y a ceci de particulier chez M. Alfred Smith que, — quoique né à Bordeaux, de parents anglais et naturalisé français, — il n’eut vraiment la révélation de la lumière, telle qu’il la conçoit et la réalise actuellement en ses oeuvres, qu’en Italie et à Venise. Entendons-nous, je ne veux point dire par là que M. Smith se fût astreint antérieurement à peindre sombre et usât du bitume et des dessous ténébreux. Non pas. De tous temps, M. Alfred Smith sut faire valoir habilement l’harmonieuse beauté qu’offre la gamme somptueuse des gris, pour un pinceau coloriste comme le sien. Mais, c’est à la suite de son voyage à Venise, que M. Alfred Smith fut conquis par la richesse de couleurs que donne aux choses, à la mer et au ciel, l’éblouissante chaleur du soleil. A son tour, il éprouva ce même enchantement, ce ravissement profond, inoubliable, qui fit écrire à Delacroix, à peine arrivé au Maroc, les lettres enthousiastes que l’on sait. Aprés Delacroix, Henri Regnault, Decamps, Marilhat, Berchève, Fromentin, Ziem; avec Bom-pard, Iwill, Dinet, Thaülow, Saint-Germier, Duvent, Franc-Lamy et combien d’autres Orienta-listes, Alfred Smith fut émerveillé, lui aussi, par la splendeur des ciels et le charme ensoleillé et magique de ces natures bénies. Au seuil de l’Orient, Venise, reine de beauté, chantée par les poètes, lui apparut comme une oasis enivrante, au milieu des flots. Et d’emblée presque, il s’inscrivit contrite un des peintres les plus sincères, les plus véridiques de la Perle de l’Adriatique et de l’Italie. 271