LA PEINTURE DE PAYSAGE ALPESTRE FRANÇOIS DE RIBAUPIERRE — DES DENTS DE VEZIVY ensoleillés, les villages aux « mazots » brunis, les chapelles solitaires, mais il s’élève aussi dans les solitudes glacées, où l’aigle plane, regard sur l’in-fini où ‘semble se complaire le côté spirituel de sa mentalité d’artiste. Mais il est sur la terre, pour-tant, il sbuffre, il lutte, et quelle page plus tragi-quement poignante que son e Cervin orage » ! S’il n’a pis le calme d’une figure de Michel-Ange, il en a la force; j’entends le déchaînement d’har-monies beethoweniennes et je comprends Es-chyle (t) : a En effet, ce n’est plus une menace ; la terre tremble; l’écho sourd du tonnerre a mugi; la foudre brille à replis enflammés; des tourbil-lons de poussière s’élèvent ; tous les vents déchaî-nés se déclarent réciproquement la guerre… » A dessein, j’insiste sur la personnalité de Gos, car il est le plus exclusivement alpestre, le seul, peut-être, en une époque où l’avidité artistique nous pousse à mille recherches, à d’innombrables études en des chemins variés; et pourtant, jamais comme aujourd’hui on n’a autant peint la mon-tagne… Je ne parle pas des envois à la Royal Academy, aux Salons, au Glaspalast, etc., du groupement des e peintres de montagnes » et de nombreuses expositions particulières, qui nous montrent les montagnes d’Algérie, de Norvège, les Karpathes ou les Apennins, mais en Suisse particulièrement il n’est pas d’atelier qui ne dénote quelque séjour dans un centre alpestre et, presque toujours, une peinture, individuelle, caractéristique en ses effets ou sa technique. (0 Prométhée, oc,: V, sciai II. J’ai parlé de l’idéal que paraissent concevoir les artistes e très modernes n, à en juger par leurs efforts, et je citerai les recherches — on ne peut encore dire l’oeuvre — de Schmidt. qui pense et voit plus qu’il ne sent, et fait, dans certains cas, songer aux Japonais; François de Ribaupierre, auquel s’impose la grandeur décorative des monts ; Hans Berger, fruste et lourd ; Mairet, W. Muller, etc. Puis, de quelques années leurs aînés, et déjà connus par leurs envois tant aux expositions suisses qu’à l’étranger Ed. Bille, réaliste et lumi-neux à l’extrême; Colombi et Cardinaux, le pein-tre bernois; Giovani Giacometti, toujours très personnel, hardi en sa facture; Perrier, doux et poétique; B. Wieland, L’Eplatenier, et combien d’autres encore, tant à Genève que dans la jeune école neuchâteloise ou de la Suisse alle-mande. Certes, il y aurait infiniment à dire sur un sujet aussi complexe, et les noms à citer ne manqueraient pas, tant parmi les artistes vivants que parmi les morts, mais à une vue d’ensemble il faut subor-donner les détails, tout en affirmant dans l’esquisse les traits caractéristiques. Et qu’importe à l’artiste l’appréciation d’autrui ? Absorbé dans son travail, il ne doit point percevoir les rumeurs du inonde extérieur, il doit marcher, toujours et sans repos, conscient de son but. One l’artiste soit actif ! (Vouloh). 269 Si, hésitant, qu’il entende la voix : a Qu’aucun