LA PEINTURE DE PAYSAGE ALPESTRE ED. BILLE — VILLAGE EN HIVER ment ces noms illustres dans les annales de la peinture alpestre, auxquels on peut adjoindre en-core celui du comte Stanislas von Kalckreuth, qui, officier de la garde du roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse, ne craignit point de déroger en quittant les armes pour la peinture. — Michel-Ange avait énoncé e que seul un homme de noble race de-vrait s’occuper d’art. » — Et, chose extraordinaire, on vit cet aristocrate du Nord devenir peintre, et peintre essentiellement alpestre, le seul peut-être d’aussi convaincu qui fut et qui sera jamais en Allemagne. .*. Il est intéressant de remarquer comment, peu à peu, l’artiste prend contact de la montagne, avec quelle timidité pres-que, il dirige ses pas vers les sommets. Pétrarque s’excuse d’entreprendre une ascension sans autre but que son plaisir in-time; de la Rive se ris-que à faire des excursions artistiques; Calame et Diday, enfin, font dans la montagne » habitable» des séjours de quelque durée. Mais depuis, quelle transtormation dans les rapports entre l’homme et le domaine alpestre. De Saussure et Bourrit furent les pré-curseurs, et avec l’alpinisme de nouveaux senti-ments sont venus. C’est la sensation plus vive des rocs surplombants, des » vires », des e corniches à, des arêtes glacées, celle du point culminant vers lequel tout converge et qui se dresse entouré d’in-fini. Puis les a névés n qui fuient, les glaciers suspendus, les crevasses béantes et vertes. L’âme de l’homme s’enrichit, une littérature nouvelle se crée avec sa tendance spéciale très marquée : la montagne. Et à lire Tavelle, Rambert, Guido Rey, les récits de Whymper, de Mummery, du duc des Abbruzes, à regarder les photographies des Thevoz, des Scellai, d’Abraham — pour ne citer que les plus anciens en date, qui allèrent sur les cimes avec le but précis d’en fixer l’image, on comprend aisé-ment qu’un monde nou-veau était offert à l’Art. Des visions étranges surgissent, paysages d’une beauté inconnue, géométrique, abstraite presque , intellectuelle souvent. Beauté des lignes, beauté architec-tonique de ces cristaux immenses, se groupant selon les lois de la dyna-mique universelle, orne-mentation grandiose allant plus loin et plus profond que le charme poétique inhérent à A. Sa IMIDT — SAMS 267