LA PEINTURE DE PAYSAGE ALPESTRE Mot. Fv Hat:plane. ALBERT GOS — où semble éclore le plus grand des mystères. Mais c’est dans le tableau de a Sainte-Anne s surtout qu’agit cette âme de la montagne. Il y a une ana-logie frappante entre les sentiments de cette tète aux yeux baissés, inclinée par un rêve d’insonda-bles pensées et l’indéfinissable et tragique grandeur des montagnes du fond qu’assaillent les nuées. La figure entière semble placée, accrochée plutôt, en un lieu entre ciel et terre, les pieds reposant sur le roc, au bord même d’un plan vertical, indiqué à peine, mais donnant la sensation d’une profondeur infinie,d’un élan complété par les cimes lointaines. Chez les Hollandais, la montagne aussi a sa place, non point synthétisée, mais morcelée, et dans certains tableaux de Breughel elle devient une partie nécessaire, même importante de l’oeuvre. Mais c’est van Ruysdael et c’est Allart van Ever-dingen qui, s’ils ne l’ont pas peinte directement, ont su la faire pressentir en ses effets puissants, et ces hommes du Nord furent souvent des peintres de montagne pleins de fougue et d’audace quand ils exprimèrent les torrents tumultueux, les roches brisées descendues des monts, les ciels d’ouragan et les sapins très sombres. Ce n’était pas encore vé-ritablement la montagne, mais ses forces vivantes, tangibles en impressions grandioses, et ainsi, par les Hollandais, se rapproche et se prépare l’idéal des artistes modernes, plus concret, plus réaliste. 265 LE MONT BLANC Ce n’est qu’au xviw siècle que l’on commença vraiment à connaître la montagne, à en pénétrer les secrets, et c’est à Genève principalement qu’un mouvement alpestre se dessilla, dans les sciences et dans les arts. En r772 se fonde une société pour l’avancement des Arts, avec une classe de dessin d’après nature. En 1787, de Saussure, le premier, atteint la cime du Mont-Blanc. La montagne était conquise et depuis, tous les peintres s’enhardirent à aborder un sujet qui de toutes parts domine et s’affirme dans le paysage genevois ou savoyard. Le très excellent livre de M. E. Rambert sur Calame et son oeuvre (1) nous donne sur les débuts de la peinture alpestre les aperçus les plus intéres-sants. « Les peintres genevois, dit-il, ont été dans l’origine des peintres sur émail, d’habiles, parfois d’incomparables miniaturistes, ils ont passé du petit au grand. Le premier qui ait peint hardiment des glaciers — ou des glacières comme on disait— fut également un peintre sur émail, Marc-Théodore liourrit, le compagnon de de Saussure. Lorsqu’il commença ses excursions dans les glaciers, il fit plusieurs petits Mont-Blanc en émail. Bourrin était surtout naturaliste, les tableaux qu’il envoyait à Paris, à titre de pensionnaire du roi, allaient au Musée d’histoire naturelle. C’étaient des docu-ments scientifiques; ce ne sont plus aujourd’hui In) Fischbâcher, éditeur.