LEVY-DHURMER musée (de laquelle il restera d’ailleurs des œuvres que je ne voudrais pas renier et qui gardent une grande puissance d’enchantement). Il lui a dû sa science et sa discipline et de ne pas être dé-pourvu, à sa première rencontre avec la terrible et désordonnée Nature, d’une méthode capable de l’assimiler. Le vertige, l’espèce d’affolement auquel je vois en proie tant de jeunes peintres devant elle, et qui semblent ne pas savoir par quel côté la prendre, et parce qu’ils ont cru qu’elle donnait tout, aussitôt : son charme et la science, ce vertige nie confirme dans la certitude qu’une évolution comme celle de M. Lévy-Dhurmer est encore la la certitude qu’il pourrait mieux faire encore, ni cette certitude ne le trouble en son travail. Belle sérénité, féconde et heureuse. Car ainsi ses médita-tions ne troublent point son oeuvre et son œuvre, ne le satisfaisant jamais entièrement, laisse à son intelligence et à ses recherches, une fois accomplie, le champ libre. De la sorte, tout en continuant dans cette voie du réalisme, il fit quelques découvertes qui modi-fièrent peu à peu, puis complètenient, sa direction. Il s’aperçut que la nature-, même magnifique, même émouvante, n’est pas en ses spectacles un, but complet et que sa transcription, nième per-PORTRAIT DE Mi. M. C. (PASTEL) meilleure : il suffit de ne pas trop attendre le mo-ment de changer d’orientation. Pourtant, le réalisme, même dans l’ardeur de son exaltation, n’est point le but de l’art. Il reste à quis’y livre, surtout s’il est méditatif, une sorte d’insatisfaction, sur laquelle il s’interroge de plus en plus. Après avoir pesé du côté du rêve, la balance penchait du côté de la vie, mais cela ne réalisait point un équilibre. M. Lévy-Dhunner ne tarda pas à s’en apercevoir. Une de ses qualités les plus essentielles en effet c’est que ni la perfection d’un travail auquel il se donne tout entier ne lui enlève sonnelle, ne constitue pas une oeuvre d’art. Elle est un soutien nécessaire, un moyen d’inspiration, niais elle n’est que cela. Il faut l’avoir déjà oubliée, surpassée, pour donner à ceux qui contempleront l’ceuvre d’art la même émotion qu’elle eût donnée elle; mais cette émotion est d’un autre ordre. Il n’est pas d’autre moyen pour la surpasser que de la pénétrer davantage, que de la chasser de secrets en secrets (elle en aura toujours). C’est une Isis au corps intangible sous l’enveloppe sans nombre de ses voiles. Aux secrets de sa lumière et de ses formes cor-respondent sur la toile, par des analogies mysté-26I