L’ART ET LES ARTISTES guêuse. Il rapporta d’Espagne, puis de Hollande, de:Bretagne et du Maroc, une véritable moisson d’œuvres pleines de soleil, de joie, de délivrance dirait-on. Il ne prétend ni ne cherche à découvrir l’ànse des pays qu’il traverse ainsi. Il est bien trop heimeux de leur aspect physique. Il y a trop à dire sur cette première apparence pour qu’il s’inquiète de pénétrer plus avant. Songez qu’elle lui est ré-vélée pour la première fois. Son contentement est si fort et si soudains qu’il annihile en lui tout sou-venir. Il peint, sans recettes, directement, cousisse il voit. Et toutes ses acquisitions techniques, assi–•. lient et subordonnent les éléments plastiques de l’observation. Il n’aura pas pour peindre ses éton-nants Aveugles de Tanger, les mêmes procédés que pour ‘murmurer le gentil poème intime et clair de la Brochette. Ses sensations de Bretagne n’auront pas le même accent que celles qu’il aura en Espa-gne. Mille nuances de présentation, de composi-tion, un faire plus violent ou plus doux, mille manières inattendues de grouper les personnages, de faire jouer la lumière, d’imaginer le décor : ou réduit à l’allusion d’un objet sur un fond neutre, ou délicatement minutieux et fourmillant, diffé-Plot. Betlitoo. BEETHOVEN mitées désormais, se fondent dans le vertige de son travail, avec toutes les allures de l’inspiration. Cette période de plein air, ces sortes de vacances parmi les décors variés de notre monde occidental, ont été, dans la carrière de M. Lévy-Dhurmer, comme une détente, un repos physique. Nul soupçons de littérature ici, nul souvenir de légende. Mais, cousisse il est artiste, qu’il sait com-poser, organiser une œuvre, il ne peint pas au hasard, en s’en remettant à la beauté propre du carré de nature transcrit dans le cadre. A son insu, ou très sommairement surveillées, jouent en lui les forces subtiles qui choisissent, éliminent, grou-rencient à l’infini ses oeuvres de cette période, leur donnant à chacune une originalité, un attrait. Et c’est encore, ceci, une caractéristique indubi-table de l’artiste, cette sorte d’impossibilité toute instinctive de rendre la nature telle qu’elle est, ce besoin foncier, irrésistible d’y ajouter, même en l’adorant, quelque chose de lui-même, ne serait-ce précisément que ce lyrisme d’amour, propre à la première surprise de la découverte. Ainsi firent, dans le domaine du plein air, les grands impres-sionnistes, poètes panthéistes de la lumière. Dans uns sens, il n’était pas mauvais que M. Lévy-Dhurmer eût passé par cette crise de 260