L’oeuvre immense de ce maitre a trouvé de tout temps des admi-rateurs enthousiastes et même des détracteurs. Chose étrange, son influence, qui fut si considé-rable sur les artistes de son pays, ne s’étendit guère au delà de ses frontières. Des esthètes raffinés, de France, d’Italie et d’Espagne, ne purent lui pardonner certaines vulgarités apparentes dans ses oeuvres. Ingres ne disait-il pas à ses élèves Détournez-vous de Rubens! Lorsqu’il a des oeuvres dans un musée, mettez-vous des conne les chevaux… Car ce peintre néfaste n’est venu au monde que pour détruire la peinture. » Et Baudelaire n’af-firma-t-il pas que u Rubens est un goujat habillé de satin! » Toute la vie du » Chevalier Rubens », qui considérait les ambassades comme des vacances, proteste contre pareille affirma-tion. Sa vie fut toujours grave, heureuse et occupée. Sa femme, sa famille, quelques amis le bourgmestre Rockox, son neveu Gevartius, Moretus Plantin; sa correspondance avec l’Infante Isabelle, Ambroise Spinola, sir Dudley Carleton, les frères Pei-resc et Valdès, le bibliothécaire Dupuy; ses collections, Ses pro-menades à cheval occupent ses loisirs. Ses lentes nous prouvent qu’il maniait la plume avec au-tant de facilité que le pinceau et aussi qu’il s’intéressait à tout ce qui se passait dans le monde de l’intelligence. » Il suivait d’un oeil attentif les inventions de Drebbel; il envoyait à Peiresc une sorte d’en-registreur des mouvements atmosphériques il assistait à Paris aux premières expériences du microscope. » Tant de soucis et de préoccupations ne ralentissent en rien ses travaux d’art et il con-tinue à mener de front les plus importantes entre-prises. Puis, rentré à l’atelier, il saisissait ses brosses et, suivant la belle expression de Taine : » soulageait sa fécondité en créant des mondes. » Jusqu’à hl fil du M’Ir siècle et même jus-qu’au xviii% Enfluence de Rubens fut générale en Belgique. Quant à la liste de ses élèves, elle est LA PEINTURE FLAMANDE Pbol . Bene, Bedon : hem,: Frge ne, .Museum. RUBENS — LE MARIAGE MYSTIQUE DE SAINTE CATHERINE (ESQUISSE EU TABLEAU WAUTEL ne SAINT-AUGUSTIN, « ‘ANVERS) interminable. Mais le plus grand d’entre tous fut certainement VAN DYCK Antoine van Dyck naquit à Anvers en 1599. Il n’avait que dix ans lorsqu’on le mit en apprentis-sage chez van Balen. Vers quinze ans, il entrait clans l’atelier de Rubens. Maine à dix-neuf ans, il s’essaya d’abord à la grande peinture. Deux de ses oeuvres, le Christ an Jardin ries Oliviers, du musée de Madrid, et son fameux Saint Martin, de l’église de Savanthem, prouvent toute la valeur de son talent précoce. 245