L’ART ET LES ARTISTES JUSTE SUTTERMANS — Mua, de Bruxelles. CHRISTINE DE LORRAINE tachant surtout à ses côtés poétiques » (t). Ses paysages, très nombreux en Italie, se distin-guent par une grande variété de conception, une savante distribution de la lumière, de belles masses de feuillages, et un sentiment élégiaque pénétrant. En détaillant les nombreuses oeuvres qu’il exécuta pour les églises et les palais de Rome, — sa pièce capitale se trouve au Vati-can, où il peignit une fresque de vingt mètres représentant le Martyre de saint Clément, —Charles Blanc ne craint pas d’affirmer que u Paul Bril fit souche de cette génération de grands paysagistes qui ont immort’alisé l’art du xvic siè-cle… et que Claude Lorrain et Poussin descen-dent de lui r. (1) A.J. Auxuas, La Peinture Flamande. Poris, A. Quantin. (C’est surtout de cet excellent ouvrage que nous nous sommes inspiré pour cette étude.) PIEBBE—PAUL RUBENS C’est à cette époque, où l’horizon se montrait de plus en plus menaçant pour l’art dans les Pays-Bas, à un moment où l’élément national se perdait chaque jour davantage, que parut soudain, revenant d’Italie, Pierre-Paul Rubens, ê le plus flamand des peintres flamands et le plus grand de tous r. Il avait dé aux malheurs de sa patrie de naître en exil, car son père, Jean Rubens, juriste distingué et ancien éche-vin de la ville d’Anvers, avait été banni pour cause de religion, et avait vécu jus-qu’à sa mort à Siegen, dans le duché de Nassau, où Pierre-Paul vit le jour le 29 juin 1577. Revenu à Anvers avec sa mère deve-nue veuve, nous le voyons d’abord élève des Jésuites, puis page chez la comtesse de Lalaing,. Trois maîtres lui enseignèrent la peinture Tobie van Haeght, un paysa-giste assez obscur, Adam van Noort et Otto Menins. C’est surtout ce dernier peintre qui, revenu enthousiasmé de l’Italie, lui inculqua, avec l’art de bien peindre, le goût des antiquités comme celui de l’érudition. Reçu franc-maître de Saint-Luc, en 1598, Rubens part deux ans après pour cette Italie dont ses maîtres lui avaient conté tant de merveilles. Il y reste neuf ans. Dès 16or, nous le voyous pension-naire de Vincent de Gonzague, duc de Mantoue; puis à Rome, où il se fixe à trois reprises différentes, et enfin en Espagne, où il se rend chargé d’une mission diplomatique. De l’époque de son séjour en Italie on connaît de nombreuses copies qu’il fit d’après le Titien, le Corrège, Léonard de Vinci, etc., niais jusqu’alors ses oeuvres originales sont rares (son Romains et Remus du Capitole, à Rome, date de cette première période). Rappelé à Anvers par une grave maladie de sa mère, les archiducs Albert et Isabelle mirent tout en œuvre pour le retenir et le disputer au duc de Mantoue, qui lui avait fait promettre de revenir à sa Cour. Nommé peintre particulier des archiducs en 1609, son mariage avec Isabelle Brandt le fixa définitivement à Anvers, où il devait se faire con-naître comme le plus grand parmi les peintres de son époque. il avait trente-trois ans lorsqu’il exécuta succes-sivement trois chefs-d’oeuvre Saint Ilddanse, 242