LE SINGLE DE RUBENS Ce furent les peintres roma-nisants du xvi’ siècle qui prépa-rèrent le prestigieux épanouis-sement de l’art flamand au xvm. Cette époque, glorieuse entre toutes, devrait porter dans l’his-toire le nom de siècle de Rubens, car, seul, le grand maitre anver-sois trouva la formule défini-tive qui devait caractériser les goûts somptueux et la religio-sité sensuelle des habitants de la Flandre sous le règne des princes espagnols. Cette orientation vers un art qui réunissait la couleur brillante de nos grands primitifs à une composition grandiose emprun-tée au génie pompeux des maîtres italiens ne se fit pas sans tâton-nements. Longtemps on avait pu craindre que le triomphe définitif de l’esthétique italienne dans les Pays-Bas eût abouti à un art tout de convention. La greffe empruntée à l’arbre du Midi ne pouvant, croyait-on, croître et se développer sous la froide et bruineuse atmosphère du Nord. Pareille crainte parut surtout justifiée lorsque revint d’Italie le dernier flot des romanisants, parmi lesquels brillaient les van I3aelen, les van Veen (Otto Vcenius), les van Noort, qui tous eurent une influence plus ou moins grande sur le jeune Rubens. Rares furent alors les peintres flamands qui réa-girent contre cet engouement général. Seuls quel-ques portraitistes conservaient les qualités natio-nales qui avaient fait la gloire des écoles des van Eyck et de van der Weyden. Parmi ceux-ci, il faudrait surtout citer François Pourbus le Jeune (1569-x662) qui fut apprécié, non seulement dans son pays natal, mais aussi en Hollande, en Italie et en France. Nous le voyons passer de la Cour des archiducs Albert et Isabelle au service de Vincent de Gonzague, partageant avec Rubens le titre de peintre du duc de Mantoue; puis il se dirige sur Paris, oh Marie de Médicis l’accueille avec une telle faveur qu’il ne quitte plus la capitale de la France. Ses portraits, con-servés au Louvre, témoignent de son talent LA PEINTURE FLAMANDE Coll. Morrs5on, Londres. FRANÇOIS POURBUS LE JEUNE PORTRAIT PRESUNIÉ DE MARIE DE MÉDICIS « amoureux du bien faire n. Il n’atteignit pas au premier rang, mais fut un praticiens excel-lent et un véritable artiste. C’est à Paris qu’il forma un élève de haute valeur : Juste Sutter-mans, le peintre de Médicis, qui, durant sa longue existence, ne Mt ni moins occupé, ni moins honoré que lui par les Cours étrangères, qui se le disputèrent. Dans le paysage, Paul Bril (1556-1626) sut conserver, d’autre part, toute la saveur de l’école flamande primitive. Alors que tant d’artistes de son pays n’allaient en Italie que pour y faire des emprunts, Paul Bril et son frère Mathieu (155°-1584) y introduisirent à leur tour un genre nou-veau, c’est-à-dire le paysage traite comme un genre distinct. « Paul Bril, dit M. A.-J. Wauters, comprend encore la nature à la manière des Memling, des Gérard David et des Patinier, mais avec plus de grandeur et de simplicité, et en s’at-Second article de « Ln Peinture Flamande »