L’ART ET LES ARTISTES Le feu, du à l’imprudence de quelques ouvriers qui tra-vaillaient dans l’église, a détruit l’autel, l’abside, le toit, les archives où se trouvaient des documents qui remontaient aux mil« et xi, siècles. Ces documents sont assez sérieux, et l’église était trop belle, pour que le monde artiste ne soit ému par le malheur qui a frappé la superbe cathédrale. La Cathédrale de Conversano appartient à ce genre étonnant des églises d’Apulie, dont l’importance historique égale la beauté. Des phalanges d’ouvriers grecs apportaient à cette terre ensoleillée k rêve d’un art plus libre, hardi, puissant, réglé par la mathématique infaillible de la tradition hellénique. Cc rêve prit, sur un sol italien, des propor-tions et des figurations extrémement osées, d’ou des formes nouvelles devaient s’engendrer. Les basiliques apuliennes, semblent étrangement se rattacher, à la fois, é l’art rtlyan, a l’art gothique, et à l’art purement italien, celui qui dans le nord de la péninsule créait, au crépuscule du moyen âge, les premières forn.s de la Renaissance. La Cathédrale de Conversano remonte ainsi au ms« siècle. Elle a subi, pendant des siècles, l’amour et les outrages des grands pré-lats qui s’y sont suivis. Au ‘,vos« siècle, elle paya aussi un singulier tribut au oût du temps, qui, l’instar de ce qu’on faisait A la Cathédragle de Bari, se plut à revétir de chiffres et de plâtre les admirables colonnes, les puissants chapiteaux, les fenêtres sveltes et vigoureuses, pour n’aboutir qu’a la reprise gauche et sotte des formes gréco-romaines, revues et transformées par le baroque. Les architectes modernes se sont donnés la riche, en Apulie, de libérer les églises de la lieuse du plâtre « sette-centesco et de découvrir et rendre à la lumière leur pri-mitive beauté. A Conversano, ils auront maintenant la fâche ORI rONSTANTINOPLE. — LE Musée ne ST INTE-INÈNE. On sait qu’a la prise de Constantinople, Mahomet le Conquérant convertit en mosquées une partie des églises byzantines de la capitale. Ses successeurs immédiats conti-nuèrent son œuvre. Sous Bajazet Il et Selim I », non seule-ment tous les temples chrétiens de Stamboul furent affectés au culte islamique, mais aussi tous ceux des autres villes du nouvel empire. Sainte-frêne est la seule église byzantine de Starnboul quin’ait pas été convertie en trinquée. Elle avait été édifiée par Constantin le Grand et dès sa fondation avait été reliée à Sainte-Sophie. Depuis le règne de cet empereur jusqu’à la chute du Bas-Empire, elle servit de Patriarcat œucuménique. Miro I« la transforma en dépôt d’armes. Il y fit entasser outes les armes que les Turcrnènes, alcus’des Turcs, conquirent sur t’ennemi lorsque, dévalant des hauteurs de l’Altaï, ils se précipiterent comme un torrent sur le Inonde asiatique,, toutes les cottes de mailles et rapières des croisés, rapportées de Enviais et qui jusqu’à la conquete de Brousse servirent à l’armée turque elle-menus ; toutes les cuirasses et épées des byzantins trouvées dans la capitale lors de la conquêse de Constantinople. De ce nombre étaient le cimeterre que Mahomet II tenait la main A la prise de Byzance et l’épée avec laquelle le dernier empereur grec défendit vaillamment mais vainement sa couronne et sa capitale. A ces armes fameuses s’ajbu-joutèrent la non s fameuse chaine bYzantine qui barrait la Corne d’Or à moin la flotte turque et que le génie de Maboules II sut rendre inutile en les merveilleuses cloches d’airain, avec inscriptions et icones gravées, des églises et des monasteres grecs, qui avaient durant des siècles fait vibrer les échos de la gloire dut plus dure de reconstruire tout ce que le feu a abinné de le belle église médiévale. • . MEMENTO. — On vient de découvrir au uvent de Santa Maria della Vittoria, une œuvre que l’on at cotribue au Bern in Il s’agit d’un buste, probablement du cardinal Dominique Ginnasi, qui se trouve sur son sarcophage dans l’église de Santa Lucia. Le buste sera transporté à la Galerie Borghèse, où se trouvent déjà, dûs au ciseau fantastique et incomparable du Bernin, le David, la Proserrioy et un autre buste, celui du cardinal Scipione. — Le Conseil supérieur des Beaux-Arts a demande à PEtat l’achat des oeuvres suivantes, qui figurent A l’Exposi-tion Internationale romane s le buste de Daia », de Rodin ; Le Vieillard, de Zuloaga i ; RétIlliS dans l’an-dela, de Barth°. lassé ; les Anes, de Glisko; Sur le seuil du Grenier, d’An-ders Zorn ; un ASs, de Mancini; Oreste et les Erynnies, de Franc von Stuck ; Visile d’un port, d’Aoyatna Suiko, etc. — Le peintre florentin Carlo Adetoollo, vient de murir à Page de 86 ans. Ce fut un peintre historique. Des bataoilles et des grands gestes romantiques furent traités par lui sur de vastes toiles queson pinceau solennel, presque vigoureux, semblait consacrer à l’émotion populaire des bons révolu-tionnaires de 48, ou à la décoration desmairies des quelques fiers villages très patriotes. Ce fut en quelque sorte le peintre de la révolution italienne, du « Risorgi-mento ss. RICC1011.0 CA.170. ENT 46 De Selim I«, à nos jours, les Sultans continuèrent la tradition. Ils envoyaient à Sainte-Irène toutes les armes prises à l’ennemi, celles qui ne servaient plus l’armée des Janissaires, les clefs des villes conquises, les étendards enlevés sur les champs de bataille. De plus, ce musée d’art et d’armes s’accroissait, petit à petit, d’objets d’une valeur historique inestimable. Ce furent le brassard de Tamerlan ; l’énorme casse-tète que Bajazet — alors qu’il n’était que prince héritier — fit tournoyer dans les plaines de Rossova ; l’épée de Scander-bey, le héros albanais qui tint tète, vingt-six années durant à l’armée turque ; le cimeterre de Bajazet-; la « tueuse n de Selim I,; la cotte de mailles que Mourad IV le Sanguinaire portait à la prise de Bagdad. De plus chaque Sultan enri-chissait lem ée des armes qui avaient servi us son prédé-cesseur. C’est ainsi qu’on peut voir à côté du sabre d’Abdul Aziz les revolvers qui ne quittaient jamais Abdul-Hamid. La destruction des Janissaires, sous Mahomoud 1 enri-chit également le musee de toutes les armes de cette armée redoutable, enteautres de leur marmite, considel ée par la milice d’élite connote le drapeau du régiment. Vers 185o, deus petites salles de Sainte-Irène, a l’entrée, servirent de musée d’antiques et furent le point de départ du merveilleux musée dont s’enorgueillit à cette heure Stamboul. Mais ce n’est guère sous ce dernier caractère que nous étudions, aujourd’hui, Sainte-Irène. Malheureusement toutes ces amies et ces armures — n merveilles d’art e grande partie — entassées, empilées pèle-méfie, sans ordre et sans méthode, dans l’immense et unique etnplacement qui fut autrefois le nef de l’église, ne