L’ART ET LES ARTISTES Fiel de Michel-Ange, il a vu que tous ces chefs-d’oeuvre étaient taillés à même la pierre. Alors, lui aussi, veut avoir le courage de ceux qui les réali-sèrent. Il ne modèle pas la terre glaise, il ne confie pas à des praticiens le soin d’attaquer le granit ou le marbre, il l’attaque lui-même, avec tous les respects qui lui sont dûs, en ayant soin de ne pas le déraciner tout à fait, de le choisir dans un pays qui n’est pas trop différent du sien, de l’épanneler, de le façonner jusqu’au bout, en lui laissant les pores qui sont sa chair, en ne bouchant pas ces rugosités superficielles qui sont ses accents, son rythme. Et ainsi l’ceuvre de J. Bernard est vraiment exécutée pour le plein air, comme le Beau Dieu d’Amiens, ou la Visitation de Reims, comme les sarcophages des Alyscamps, comme les fragments romains du musée de Vienne et les chapiteaux des colonnes engagés à la base de l’Aiguille. Diderot appelait la sculpture R la Muse silencieuse et ca-chée ; cette Muse, Joseph Bernard l’a dévoilée, il l’a contrainte à parler, à sortir de son mutisme, à raconter des secrets délicieux et troublants, des rêves suaves et majestueux. LÉANDRE VAILLAT. CHANTS IMMORTELS (»ONU A CIRE PERDUE EXÉCUTI, PAR M. A.-A. IliBRARD, PONDEUR) 42