JOSEPH BERNARD FRAGMENT UU GROUPE DE LA JEUNESSE (ou moNumENT .11VET) (ESQUISSE PLATRE) Christ et ne cherche pas à lui Palmer des cortèges de sophistes, des apothéoses de cabales. Et peut-être bien le sculpteur a-t-il songé, en même temps qu’a Calvin, au bien heureux Burcard, évêque de Vienne, qui, vers 1083, crut adresser à Dieu son plus bel hommage en bouleversant le temple d’Auguste, en brisant les cannelures des colonnes, en noyant leurs lignes sveltes dans un mur de clôture uni-forme et ennuyeux comme son esprit scolastique. C’est pourquoi sans doute, le Michel Servet de J. Bernard est une sorte de Christ, résumant l’hu-manité opprimée, où tout signifie angoisse, souf-france : les mains liées derrière le dos, les trous d’ombre aux coins de la bouche, les muscles du cou tendus, une épaule qui remonte et l’autre qui s’affaisse dans un hoquet de douleur, les pieds crispés, l’être humain dépouillé de tout, frustré des biens de ce monde, en proie aux persécutions, aux raffinements de la cruauté dans sa prison. Il était inutile d’aller, comme on l’avait fait, jusqu’à la traduction littérale, puérile, de l’agonie; la nudité 41 suffit pour l’exprimer, la nudité qui permet à l’ar-tiste de se rapprocher des grands exemples romains qui l’entourent, non plus une nudité photogra-phique et pornographique, niais une nudité chaste, la nudité d’un pauvre homme qui n’a plus de vête-ments, la nudité sauvée avec un tact, une délica-tesse exquise, par un rien de draperie qui attache le corps au pilori et retombe à plis droits comme une tunique du temps de Phidias. Michel Servet, et les jeunes amants, et le Remords, on a l’impres-sion que tous ces êtres viennent de la nature, niais qu’ils sont réellement plus grands que nature, tant leur vérité ne s’attarde pas à des détails, mais écoute en nous-mêmes son écho lointain et sonore. Il arrive que les types élargis par la sensibilité le sont encore par la technique de J. Bernard. Telle oeuvre, telle facture. Ainsi se trouve vérifié un de ses voeux les plus constants, tandis qu’en même temps, il obéit à l’une des lois de la statuaire antique. Il a regardé les bas-reliefs égyptiens, les frises du Parthénon, les images du moyen àge, l’émouvante