au milieu d’un champ, du côté de Valence, l’Aiguille, une pyramide à quatre pans, creuse dans sa hauteur, une base carrée soutenue par quatre arcades, et aux quatre angles, des colonnes engagées aux chapiteaux ébauchés, montrent avec moins de goût, il est vrai, mais autant de rigueur, le merveilleux assem-blage des pierres, l’appareil des matériaux unis comme s’ils ne formaient qu’un seul bloc, assemblés sans aucune trace de ciment, mais sûre-ment avec des crampons de métal dissimulés à l’intérieur, et les détails d’architecture, d’ornement, ciselés sur place, à même la pierre, suivant l’usage des Romains ; et dans la ville même, admirablement située sur une plate-forme à laquelle on monte par des degrés, l’église gothique de Saint-Maurice. Partout donc, sans parler de la leçon de travail obstiné que donnent les usines, la triple leçon du pay-sage, noble, choisi, majes-tueux, des vieux artisans de la pierre, et des artistes qui ne comprenaient jamais une oeuvre en elle-même, abstrac-tion faite du décor naturel ou architectural auquel elle doit collaborer. Le monnaient de Michel Servet montre à quel point ces vérités ont été entendues de Joseph Bernard. Il s’élève précisément sur è la petite langue de terre qui s’étend entre le fleuve et les coteaux », LE REMORDS (ri où passait autrefois la voie romaine de la Gaule transalpine, et sur laquelle on a planté un jardin public. Ici et là, dans les massifs de verdure, se dressent les fragments antiques, des lions, des urnes funéraires, un faune ; puis, entre le Rhône et le monument Michel Servet, un écran d’arbres, et de l’autre côté, le murmure de l’eau, qui s’ajoute au murmure du veut dans les branches, et par delà le cours du fleuve, la montagne de Sainte-Colombe. Le soubassement, le socle, les groupes, JOSEPH BERNARD IAGMENTOU MONUMF.7 A MICHEL SERVET) (PLA110,) 39 tout est de la même matière, la pierre d’Euville, en Lorraine, un granit poreux, qui semble respirer, dont la couleur gris-bleuté convient à l’austérité du sujet traité, mais deviendra par l’effet du temps blonde et ambrée. L’assemblage des morceaux s’em-boitant les uns dans !es autres, sans joints apparents, est à tel point rigoureux, invisible, que le monu-ment tout entier semble taillé dans un seul bloc. La partie architecturale est extrêmement simple; on a