L’ART RE LES AicrisThs JEUNE FAUNESSE (MARBRE) d’Avignon. On cherche, tout près de la mer aux sourires innombrables, les souvenirs que les anciens ont laissé de leur grandeur. Et l’on oublie, en pas-sant, la cité que les Romains appelaient Pulchra, et qui fut longtemps la capitale des possessions romaines dans la Gaule, et puis la capitale de la propagande chrétienne. La position en est admi-rable : a Elle existe, écrit Stendhal, moitié sur le penchant des coteaux qui dominent le cours du Rhône, moitié sur une petite langue de terre qui s’étend entre le fleuve et ces coteaux. Elle est entourée de montagnes, les unes pelées, les autres couvertes de bois taillis ; leurs profils variés terminent son horizon d’une façon singulière. Pour prendre une idée générale des montagnes et du cours du Rhône, j’ai eu le courage, malgré la chaleur excessive, de monter jusqu’aux ruines d’un vieux château qui cou-ronne le mont Salomon. De ce point, la vue est étonnante ; il semble que le Rhône ait renversé les rochers et les collines pour se frayer un passage. Lorsqu’il arrive à Vienne, le fleuve coule, consume prisonnier, entre de hautes mu-railles de rochers. Vers le milieu de la ville, la Gère, petite rivière qui descend d’une haute vallée et fait tourner les roues d’une quantité d’usines et de fabriques de draps, vient se jeter dans le Rhône. Les inscriptions, les fragments, les monuments antiques y abondent et justifient en quelle estime les Romains tenaient ce paysage et avec quelle sûreté ils savaient choi-sir les emplacements de leur colo-nisation. Il est probable que Joseph Bernard, qui n’est jamais allé en Italie, a trouvé là, dans son enfance, dans sa jeunesse, de quoi alimenter ses rêveries, et qu’il a deviné obscu-rément, au contact de ce qu’il voyait chaque jour, le sens et les lois rnvstérieuses de la beauté, comme lesprincipes d’une tradition qu’il continue. Le petit temple d’Auguste n’est-il pas aussi harmo-nieux, en effet, que la maison carrée de Nimes les proportions en sont parfaites; le double fronton, les co-lonnes cannelées qui l’entourent de tous côtés, les chapiteaux et les vases perpé-tuent ici l’enseignement du Parthénon. Dans les vignes des coteaux, il y a encore les restes d’un théâtre, des murs, des gradins, la demi-circonfé-rence, bien marquée, appuyée Contre l’amphi-théâtre naturel que la terre semble former, pour accueillir et mieux étreindre les jeux de la poésie et de la danse ; çà et là, des portions d’aque-ducs; en haut, les ruines de la citadelle romaine; 38