L’ART ET LES ARTISTES depuis Gauguin, l’art des u jeunes e accuse une orientation spontanée vers les formes décora-tives. Deux décorateurs se sont pourtant fait récem-ment plein jour, M. Maurice Denis et M. J.-M. Sert. Ils n’ont pas de traits communs, hâtons-nous de le dire, si ce n’est de revenir l’un et l’autre aux sujets de type classique, que Carrière et M. Bes-nard avaient différemment tenté naguère de rem-placer par le symbolisme scientifique et social d’ère moderne. M. Maurice Denis est connu des lecteurs de la revue. Nous vouloirs ici leur présenter M. Sert, à l’oc-casion d’un travail qu’il vient de terminer dans l’hôtel particulier de la princesse de Polignac. .*. C’est à l’exposition de 190o que M. Sert se révéla au public pari-sien, en ornant de treize panneaux à person-nages, en grisaille et sépia, le pavillon de la maison Bing. Ces pan-neaux, qui représentaient le Triomphe de l’Abon-dance, laissaient discerner à travers des incerti-tudes un décorateur éminemment doué. Aussi, sachant par ailleurs l’instruction théologique de l’artiste, l’évêque de Vich, en Catalogne, se décida-t-il sur leur vue à lui offrir (le décorer sa cathédrale. M. Sert, dont le talent, en se familiarisant avec les murs, avait pris conscience de lui-oléine et senti le besoin de s’espacer, se saisit sans hésiter de cette occasion rare de marquer immédiate-ment son rang. Sur son consentement, la com-mande lui fut donc offi-ciellement donnée en t902. Dès lors il se consa-cra tout entier à l’im-mense tâche qu’il assu-mait. Quand il eût tâté ses forces et raisonné son vaste plan, il en attaqua l’exécution. Les pre-miers fragments abou-tirent en 1906. Exposés en Espagne, d’abord sur