L’ART ET LES ARTISTES GUSTAVE COURBET — I,ES FLEURS de tons de Courbet, ni ses ombres épaisses, ni ces teintes trompeuses et morcelées. Pendant la guerre franco-allemande, il habita cher ses parents en Hongrie et, quand la paix fut signée, il retourna à Munich, où il occupa l’atelier voisin de celui de Boecklin. Comme lui, il s’inté-ressa beaucoup à l’intensité des couleurs, à leur éclat, qu’il voulait faire jaillir de leur liaison, de leur opposition avec leurs complémentaires. Szinyei nous raconte comment Boecklin l’en-couragea à « enrichir ses couleurs ». Désireux de sauvegarder l’unité des couleurs, il se mit alors à chercher de nouvelles conditions de concordance. Boecklin était, par principe, l’ennemi de la peinture du ton, laquelle redoutait les couleurs et leur éclat; pour conserver l’unité,elle préférait négliger les rayons de soleil, accentuer les reflets et elle se satisfaisait d’harmonies plus claires, avec la gaieté des gammes douces qui permettent de maintenir les couleurs locales; se rendant compte que l’étin-celant plein-air, non seulement décomposait les formes et ruinait toute plastique, mais aussi que, à cause de ses nombreux reflets, il compromettait également l’existence des couleurs locales. Et que devenait alors la belle harmonie des couleurs ? Sainyei, peu satisfait de ce compromis, chercha un autre élément d’accord, qu’il finit par trouver dans ce qu’on pourrait appeler l’expression logique des tons de l’air, sorte d’équivalence de l’Impres-sionnisme proprement dit. La Rte Champêtre, que Sainyei commença ainsi, dans le voisinage de Boecklin, en t872, est déjà basée sur cette vision des couleurs. Par des études absolument différentes, Monet et Sz.inyei obtinrent le même résultat presque simul-tanément, c’est-à-dire la découverte du plein-air. Tous deux furent également décriés et c’est qua-rante ans après que l’on a commencé à proclamer que l’artiste hongrois, Sainyei, était aussi un pré-curseur de l’art moderne. BÊLA LÂzia. 3o