L’ART ET LES ARTISTES VOLUPTÉ (à0,03PL) teté n’est pas une vertu en art, non pas même en sculpture. Les nus de Voulot ont la sagesse de la simple nature. Ils parlent de la nécessité et de l’auguste fonction où sont voués les corps. La beauté des jeunes filles est celle des fleurs qui doivent être fécondées, même si elles ne doivent pas être fécondes. De là, l’horreur que la vierge égoïste nous inspire : ne croit-elle pas qu’elle est belle pour elle-même ? Qu’elle est frite pour ap-peler l’amour et pour n’y pas répondre? Cette cruauté est la plus vile. Les jeunes filles de Voulot sont aimables en tous leurs gestes, qui disent la vocation d’ètre aimées. Leur rire et leur bonne gaîté est aussi un signe qu’elles font à l’amour. Le mal de la femme se marque d’abord à l’humeur. La jeunesse de la 20 femme est un trésor de joie, sans raison et sans cause. Elle rit parce qu’elle vit pour l’amour et pour qu’on l’aime. Aimantes, elles sont toutes aimées. Dans le monde de l’art, telle est la justice. Et les voici, ces danseuses, toujours les mêmes, à peine plus épanouies, pareillesà leurs propres soeurs, parées enfin du fruit: elles sont mères. La maternité est le poème que Voulot ne se lasse pas de chanter. Son amour et ses danses ne sont que le matin de la journée maternelle. Or, je dirai le sens et le haut prix que je trouve à sa Grande Maternité nue. Il a osé exalter le magni-fique office de la femme dans la nudité pure de la mère et de l’enfant. Toute nue, la femme assise, les jambes entr’ouvertes, serre contre elle l’enfant nu, qui jaillit tou-jours de ce sein nourricier. Il est déjà grand et fort, mais il est toujours au giron; toujours il naît pour elle. Elle le rend au ventre mystérieux qui l’a donné. Son visage est perdu, baissé sur la tête chérie, qui se fera toujours plus humaine. Que cette invention est touchante! Et comme elle montre un bel instinct de la nature! La nudité, ici, est l’expression la plus pure du sentiment : la femme nue, la gorge et le ventre, par où elle est femme, toute cou-verte par le corps de l’enfant, connaît une autre fois l’homme, d’une approche réser-vée à elle seule, éternellement. Elle en est vêtue, elle porte ainsi l’habit charnel de sa profession la plus sainte. Je ne sens plus en elle la violence amoureuse du sang, pris au griffin ; mais toute sa forme accroupie, à l’ombre des destins, est la fontaine du lait, la source vivante. Dans l’ordre des sentiments éternels, la paternité est à un degré plus haut encore. Non pas que le sacrifice de la mère puisse être surpassé : on ne pèse pas, on ne mesure point ces grandeurs absolues, et toujours variables cependant. Mais l’amour du père est plus gratuit. Il a moins de fatalité. Il vient moins de la nature, il doit plus à l’homme. Il y a du choix, dans la paternité, et une sorte d’action volontaire. La mission tutélaire de la bonté y est inscrite : le père est la puissance qui se fait bonne. C’est pourquoi il semble souvent que la paternité enferme l’enfant et la mère dans un méme embras-sement. Un honune, même s’il est las d’une femme, se reprend à elle, dans la pitié que l’enfant lui inspire. Voulot s’est élevé jusqu’à l’expression paternelle,