L’ART ET LES ARTISTES Murée du Luxembourg. EL »G LAERMANS — soi« D’AUTONINE et fortes de Georges Buysse, qui peint, lui aussi, des paysages, des coins de marine, des canaux aux berges fleuries où passent des voiles rouges… Et dans ses peintures, où règne une perspective aé-rienne admirable, on sent passer un souffle de vie qui charme et émeut. Willaert, encore un Gantois, dont on connaît le tableau au Luxembourg, peint à peu près les mêmes sujets dans une note plus solide, niais moins raffinée. Marcette, Trêmerie et Horenbant appar-tiennent au même terroir. C’est encore à l’école gantoise qu’il faut rattacher Jean Delvin, un peintre de race, procédant à la fois de Géricault, de Goya et de Delacroix, dont « le sens de l’héroïsme éclate surtout dans les tau-romachies où se vident les entrailles des chevaux, en une atmosphère de sang, de fureur et de massacre ». Son Combat de Taureaux, au Luxembourg, et son Combat de Chevaux, au musée de Gand, comp-tent au nombre de ses meilleures oeuvres. Parmi les peintres de l’intellectualité, il faut citer d’autre part Delville, qui manie avec aisance la plume et à qui l’on doit des Frissons du Sphynx, publiés en vers. Il apparaît dans la peinture belge comme une âme latine, nourrie de Re-naissance. Parmi ses œuvres ardentes et nobles, il faut surtout citer l’Ecole de Platon, acquise par le Luxembourg. Lévéque, qui, lui aussi, publia un livre de chants, se montre en peinture d’une céré-bralité plus tourmentée, témoin ses Ou-vriers tragiques, du musée de Bruxelles. Montald, plus allégorique et symbo-lique, dans ses toiles décoratives puis-santes, Ensile Motte, plus près des préra-phaélites, Doudelet , plus mystique, se rattachent à ce groupe. Une observation et un art plus réaliste caractérisent l’ceuvre trop tôt interrom-pue d’Evenepoel , de Bruxelles, dont les toiles colorées et frappantes, telles l’Es-pagnol à Paris, du musée de Gand, et la Féte des Invalides, sont encore dans le souvenir des habitués dessalons parisiens. Chez Henri Thomas, on admire la virtuo-sité qu’offrent de curieuses modernités observées dans le monde des courtisanes. Guequieiç avec plus de gok, nous offre des effigies féminines d’une facture plutôt française. Nous aurons à nous occuper plus lon-guement de Juliaan Devriendt qui, par ses oeuvres et les hautes fonctions qu’il remplit à l’Institut supérieur des Beaux-Arts et à l’Académie d’Anvers, dont il est le directeur, dis-pose d’une grande influence sur l’orientation actuelle de l’art en Belgique. Dès ses débuts (nous avons vu qu’ils datent de t864), il sut s’imposer à l’attention du public par des sujets sympathiques ou touchants, empruntés à l’histoire nationale ou à l’hagiographie. Alors déjà se dessinait nettement son but : réagir contre la tendance presque générale qui portait les artistes de son pays vers un art nouveau, mais n’ayant plus guère d’attaches avec les traditions glorieuses tic l’école flamande primitive. Après sa Marie-Madeleine enterrée par les Anges, il obtient son premier succès aux salons parisiens EUGÈNE LAERMANS — LES ésnr.as I (PANNEAU CENTRAL DU TRIPTYQUE) t4