LA PEINTURE FLAMANDE GUSTAVE VANAISE — Carpentier, dont quelques scè’fies émouvantes, empruntées à la Révohdion et à la Guerre des Chouans, eurent jadis un réel succès aux Saloirs parisiens, mérite une mention particulière, parce qu’il sut, tout en conservant ses qualités sympa-thiques primitives, éclaircir sa palette et créer un art personnel, jeune, plein de lumière et de fraî-cheur, an à l’étude directe des choses. Mais dans cette évolution à la recherche d’un art plus subtil, si différent des visions antérieures, ce furent surtout les paysagistes qui assumèrent ia tâche ingrate d’accoutumer l’oeil à l’aspect réel des choses. C’est à Astene, un village au bord de la Lys, entre Gand et Deinze, qu’un peintre flamand, Rutile Claus, un autre transfuge de l’académie d’Anvers, a s’éveilla au sens sacré de la vie des arbres, du ciel et de l’eau r. Comme le dit fort bien M. Lemonnier, r Rutile Claus fut le zélateur d’une modalité qui n’avait point encore eu d’expression en Belgique.,. Son art est bon, franc, honnête un clair esprit aidé de sens étonnamment aigus, composant avec l’air, la lumière et le vent, ses églogues toutes fraîches de matin, des idylles où rit le grand rêve enivré ries hommes. Toutes choses qu’aucun peintre n’avait exprimé avec tant de grâce jusqu’ici r. Almée de Gad! SAINT LIEVIN EN FLANDRE Cet art fleuri et sympathique devait plaire aux femmes. Ce furent elles qui formèrent ses meil-leures élèves Marcotte, De Veen, Montigny et Robyns qui, à côté de dons personnels, refléte-ront toujours la maîtrise de leur initiateur. L’art délicat et prestigieux de Claus fait contraste avec celui plus grave et impressionnant d’un Théo-dore Verstraeten ou d’un Albert Baertsoen. Le premier fut le peintre attendri des êtres de la campagne, dont il sut rendre la poésie vraie : r l’âme grise des hameaux dans le silence et sorts le tremblement des étoiles ». Il se dégage de son oeuvre «une ruralité franche, personnifiant la Campine avec son odeur de tourbe, oit les navets cuisent dans l’âtre ». Quant à Baertsoen, il interprète, avec un charme mélancolique et pénétrant, le silence des vieilles maisons de la Flandre. Il peint avec une maîtrise étonnante les eaux mortes des canaux, les berges oit s’amarrent les chalands estompés par la brume matinale ou givrés par l’hiver. Un de ses premiers succès fut les Cordiers; cette toile, peinte à Nieuport, est conservée au musée de Gand. Mais c’est surtout sa ville natale qui lui inspira ses plus belles peintures, notamment le Dégel, du musée du Luxembourg. De la même époque datent les œuvres vibrantes