L’ART ET LES ARTISTES COMTE JACQUES DE LALAING — PORTRAIT ÉQUESTRE les champs, sur une une ruelle, ou sur une tour de cathédrale. Et il nous montre tout cela de la façon la plus colorée, la plus admirable, en employant les vieux procédés des grands et des petits maîtres néerlandais. Désespérée, au musée de Gand, et la Dentellière de Malines constituent ses œuvres les plus typiques. Suivant une technique plus moderne, Léon Fré-deric fait revivre, lui aussi, le monde des prolé-taires, de la ville et de la campagne. C’est la Wallonie surtout qui l’inspire, dans les Marchands de Craie et les Ages dn Paysan, ces deux triptyques du musée de Bruxelles. Son Repas des Funérailles et Après la Messe, se trouvent au musée de Gand. Parfois c’est l’allégorie qui le tente et dans ce genre il produit des oeuvres d’un charme luxuriant, tantôt poétique, tantôt terrible. Parmi ses compo-sitions les plus ravissantes, appartenant à la pré-mière catégorie, il faut ranger son évocation cham-pêtre du Ruisseau qui babille, où s’ébat et gam-bade une ribambelle joyeuse de petits enfants nus et roses. Victor Gilsoul, de Bruxelles, triomphe d’autre part dans le paysage, grâce à ses couleurs aux reflets d’émail, qu’il semble avoir empruntées à la palette de Rubens ou de Rembrandt. Alfred Verhaeren montre, de son côté, une couleur somptueuse rap-pelant l’art lumineux d’un Dubois. I*2 ei se, e. Gand Après ces artistes restés fidèles aux anciennes traditions de la peinture flamande, il faut en cirer d’autres, qui accueillirent avec passion l’art lumi-niste créé par l’école française, des Manet, des Pis-sarro, des Monet ou de Sisley. Les oeuvres bril-lantes, mais parfois incohérentes, d’un Ensor étonnèrent la foule, davantage attirée vers les vi-sions plus poétiques de Vogels, montrant ses ciels éblouissants tachetés de roses, de lis et de per-venches. C’est encore la recherche de la lumière qui hante van Strydonc, plus velouté, mais plus matériel ; Wytsman et Charlet présentent dans le mème genre une note plus disciplinée. Slobach fait songer aux Anglais, tandis qu’Henry de Groux produit des pages d’une polychromie barbare, tel son Christ aux Outrages qui semble un véritable cauchemar. Un bel artiste, Theo van Rysselberghe, fut le premier à adopter en Belgique la palette des poin-tillistes français Seurat et Signac. Il sut cependant garder dans ses oeuvres éclatantes une couleur plus riche et plus personnelle. Un petit groupe de l’école anversoise, les Abry, Hagemans, Crabeels et van de Velde, se joignit à ces promoteurs d’un art nouveau et fonda à Anvers, en t887, l’Art indépendant, d’orageuse mémoire. Un ancien élève de l’académie d’Anvers, Evariste