LA PEINTURE BELGE AU XIX. SIECLE Nous avons pu cons-tater que la merveilleuse école primitive des van Eyck et de van der Weyden, issue des grands miniaturistes venus de Flandre et travaillant pour les princes mécènes fran-çais du :sin, siècle, fut une école de peinture véritablement flamande ; nous avons vu que l’art de Rubens et de van Dyck, malgré ce qu’il doit aux artistes d’autres pays, mé-rite également la même qualification. Mais au xi siècle, peut-on affir-mer qu’il existe encore une école de peinture flamande proprement dite ? Nous ne le croyons pas. Ce que l’on doit admettre, c’est qu’il y a eu et qu’il y a encore, de grands et de remarquables artistes belges à cette époque. Lorsque les armées de la Convention eiwahirent la Belgique et l’annexèrent à la France, doht elle fit partie jusqu’en 1815, on ne se doutait pas que cette conquête, qui, au point de vue politique, fut tem-poraire, se serait continuée peu à peu, pour ce qui re-garde la littérature et l’art, par l’influence des grands écrivains et peintres français de notre époque. Effectivement, en évoquant le souvenir d’expo-sitions internationales récentes, en passant en revue les peintures françaises et belges réunies dans nos musées modernes, — aussi bien celles du commencement que celles de la fin du xix’ siècle,— on cherche vainement les caractères particuliers qui devraient différencier d’une façon notable les écoles d’art des deux côtés de la frontière. Toutes les écoles de peinture qui virent le jour en France, depuis David et les classiques; Géri-cault; Delaroche et les romantiques ; Courbet et les réalistes; Puvis de Chavannes et les idéalistes; Rousseau, Millet, Corot, Daubigny et tous les précurseurs du grand mouvement naturiste ; depuis les Manet d’hier, jusqu’aux Monet, les Renoir, Signac ou Pissarro d’aujourd’hui ; toutes ces esthétiques ont trouvé en Belgique un écho attentif et, sinon des copistes, des adeptes, qui à leur tour innovèrent et apportèrent des perfec-tionnements à ces divers mouvements d’art créés par les artistes novateurs français. LA PEINTURE FLAMANDE Musee lie Muselles J.-B. MADOU — LE TROUBLE—FETE (SCÈNE FLAMANDE DE LA F15 DU MÉCLE) L’art vit d’échanges; et si les peintres belges doivent beaucoup à la France, peut-être admettra-t-on avec nous, qu’un Alfred Stevens, dans le genre de la grâce féminine parisienne, un Leys, dans ses évocations grandioses d’un art gothique im-pressionnant, un Rops dans ses études d’érotisme pervers, des portraitistes comme de Winne ; des animaliers comme Versvée, des paysagistes connote Courtens, des luministes comme Claus, des chantres de villes mortes comme Baertsoen, des peintres de légendes historiques et religieuses comme les Devriendt apportèrent de leur côté des notations nouvelles, dont bénéficièrent largement les artistes de France ou d’Allemagne. Au début du xpc siècle, il ne restait plus en Belgique qu’un seul artiste qui eût foi dans les anciennes traditions nationales ; c’était le directeur de l’Académie d’Anvers, Guillaume Herreyns (1743-1827). Seul il conservait quelque chose de la pratique des maîtres d’autrefois ; mais il fut incapable de s’opposer au courant puissant qui acheva d’entraîner les artistes vers le classicisme français, surtout lorsqu’en 1815, Louis David (1748-1825), proscrit par la Restauration, vint se fixer à Bruxelles. Parmi les nombreux peintres belges qui s’en-thousiasmèrent pour la représentation des héros grecs et romains, alors à la mode, où, à défaut de la couleur, l’élégance et la correction du trait passaient pour les qualités essentielles à posséder, il faut citer le Wallon. François Navez (1787-1869) et le Flamand Joseph Paelinck, peintre du roi de Hollande (1781-1839)• Troisième et dernier article de  » La Peinture Flamande » N. B. — Au prochainnuméro paraitra le premier article de hl. Ler.. B.ÉD1rE sur l’Histoire de la Pejo/are Frartraise, qui sera résumé en trois articles, de ms °Agio. à 110S jours.