LE MOUVEMENT ARTISTIQUE A UETRANGER L’Italie travaille, amasse ses richesses nouvelles par son labeur opiniâtre et vivace. La rhétorique même de ses jour-nalistes n’a pu s’empêcher de constater que le succès de l’Exposition industrielle de Turin a été bien supérieur à celui de l’Exposition artistique de Rome rai. nnoi4i. Les conditions très particulières de toute la vie contemporaine, et n seulement italienne ont contribué à ce résultat, sans couse. Et l’on peut, peut-être, remarquer sans dépit le fait que l’Italie n’a pas acœeilli avec des mouvements inconsi-dérés la nouvelle de la disparition d’une oeuvre dont il serait inutile de discuter aujourd’hui la prétendue perfection imposée aux êtres inemes les plus réfractaires d l’art par une trop grande suggestion, niais qui compte de toutes manières parmi les œuvres les plus singulières du plus singulier génie italien de la Renaissance. Les voleurs de belles œuvres antiques foisonnent d’ail-leurs aussi en Italie. On a pu remarquer qu’une copie de la Joconde, datant du vivant nœme de Léonard, a disparu aussi de la villa de l’Italie septentrionale où elle était conservée. Et l’on a pu se réjouir qu’une adorable, et sur plusieurs points incomparable Madone, d’Agostino di Duccio, n’ait pas été emportée par des voleurs obscurs, qui révèlent tom à coup un m par trop fameux dès que l’ouvre vol. en Europe a frnoanchi l’octroi de New-York ou de Chicago La Madone de l’Admin., d’Agostino di Duccio, se trouve à Pootremoli, en Toscane, dans l’église du Séminaire, qui est l’ancienne église de Saint-François, appartenant au couvent franciscain qu’occupe, depuis la suppression des couvents en Italie, le Séminaire de Pontretnoli. C’est un bas-relief d’une facture si fine et si finie, qu’il semble tout voilé de cette exquise spiritualité du Quattrocento, que ne connurent point, et qu’eussent même dédaignée, les vigoureux créa-eurs des siècles gothiques, qui sculptèrent les épopées de la religion, dont le Quattrocento chanta, en couleurs et en marbre, les ardentes pastorales et les nobles élégies. On fait dater cette Madone de la jeunesse d’Agostino di Duccio, aux environs de I460. La Madone contemple, hiératique amoureuse, l’enfant étendu devant elle, endormi dans la plus sereine des extases du sommeil. Ceux qui étaient et pourparlers pour la disparn du bas-relief précieux, et pour l’exécution de la copie,itio déjà exécutée, qui devait le remplacer, ont été démasqués à temps. On a pu garder ainsi au Séminaire de Pontremoli la belle œuvre d’Agostino di Duccio. Les artistes ont eu en même temps la joie d’une de œs étonnantes découvertes que l’Italie réserve vraiment d’une manière ininterrompue au monde des arts. On a remis à la lumière à Florence, en l’église de Santa-Croce, le Triomphe de let Mon qu’Andréa Orcagna aurait peint vers la moitié du xvr siècle. Vasari nous avait laissé des notices fort élogieuses concernant cette peinture qui fut célèbre pendant son siècle, mais qui disparut vers la fin du seizième, cachée derrière les travaux nouveaux, dont Vasari même avait été chargé ! Ces fresques répètent en tous leurs détails le Triomphe du Campo-Santo de Pise, niais la main quiœuvra sur elles apparais plus complète et plus somptueuse que celle de Pise. Et l’on se demande si l’Orcagna fut vraiment l’auteur de l’ouvre pisane ou bien de la florentine, laquelle, dit Vasari, fut faite a avec un meilleur dessin et plus de soin ». De toutes façons, la découverte de Santa-Croce accroit l’éblouissant patrimoine des chefs-d’œuvre disséminés dans les incomparables églises florentines. RICC10770 CANUDO. ORI LEISle,o’OirbUlrin,15;s1tQéUril,,Susen-srudrzulEc.él7brele ‘s!,!uol ,ff=prdéu-Louvre, du chef-d’œuvre de Léonard de Vinci, me retnet en mémoire toute une série de vols récents d’objets d’art, non moins incompréhensibles, mystérieux et célèbres, per-pétrés en pays musulmans, au ne» et à la barbe de ceux qui en avaient le garde. Il n’est personne qui ignore la place qu’occupe, dans l’architecture ottomane, la fameuse Mosquée-Verte de Brousse. C’est un des chefs-d’œuvre les plus purs de l’art musulman. Les murs sont, à l’intérieur,entièrement recouverts de superbes carreaux de faïences en relief qui, du bas de l’abside, de la nef et des a loges o, font courir aux coupoles des enlacements magnifiques de fleurs. d’ara-bosquet tranchant avec leurs couleurs vives et variées sur un fond vert-bleu métallique du plus prestigieux effet. Les Persans, maitres en l’art des porcelaines, avaient enseigné aux Turcs le secret de leur fabrication, — perdu aujour-d’hui — et dans laquelle les Turcs étaient passé maitres à leur tour. Le prix de chacun de ces carreaux de faïence vaut, au bas mot, la somme de a.joo francs. Il faut savoir, aussi, que le sanctuaire prend jour à l’inté-rur par de hautes fenètres ornées chacune de grilles mer-vvilleusement forgées et ouvragées en y Cham-Tabani et ou couve acier trempé de Damas rert d’une épaisse couche d’argent. Chacune de ces grill. pèse 14o orques soit 16; kilos 1/2 et le prix de revient du n Cham-Tabani supérieur d’un quart a celui de l’argent pur, est de z piastres 1/1, soit o fr. jo centimes, le drachme turc, ce quiremet les âoo drachmes d’une orque :1 r.000 piastres, soit ajostance, et le pris total de la grille à mono piastres, soit 32.100 les. ENT Dans ce taux qui représente la valeur du métal brut ne sont compris ni le coda de la main-d’oeuvre, ni la valeur artique de l’objet, ni celle de son ancienneté, ni, surtout, celle de sa rareté, — ces grilles uniques ayant été forgées expres-sément pour le Mosquée-Verte, — toutes considérations qui doublent, au moins, la valeur marchande de la grille et la porte à 65.000 francs. Or, vivement impressionné par le vol de la Joconde, Regliib bey, ancien président de la Chambre agricole de Brousse, constate dans une note insérée par le Slamboul, la disparition de plus de 400 de ces carreaux de faïence et de 18 de ces grilles en a Cham-Tabani t’. Ce qui porte le ides du vol des faïences à plus d’un million de fronts et celuin des grilles é un million cet( soixanle-dix mille francs ! Je ne mentionne que pour mémoire le vol commis, il y a à peine trois mois, à Jérusalem, dans la célébre mosquée d’Omar et dont on n’a pascu encore le dernier mot, pour arriver au vol le plus audacieux, le plus surprenant, le plus impie commis sur terre musulmane, en Egypte, un an avant que la contrée soit placée sous le protectorat anglais. On n’ignore pas qu’Omar lw, deuxième calife après Maho-met, lorqu’il Na conquis l’Egypte, en 64e, commanda la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, alléguant que le Coran seul devait tenir la place de tous ces livres profanes. Il vainquit la résistance d’Amrou, son général, qui hésitait à livrer aux flammes ce trésor de science et de littérature, en lui promettant, dit la légende, une copie du Livre de Dieu digne de remplacer tous les ouvrages impies. Ce qui est certain c’est que le calife coa plusieurs années de sa vie belliqueuse a copier le Coran.nsacr L’ouvrage, d’u calli-graphie superbe — on sait la place que la calligraphie ie tient 93