LE MOIS ARTISTIQUE rateurs, — j’entends ceux qui ont, en traitant n’importe quel sujet, le sens de la décoration, — il faut encore compter M. Pierre Rougeot (Panneau décoratif pour être traduit en tapisserie), Starkie Munzinger, MM. Pierre Laprade, qui a un senti-ment si juste ales fleurs de luxe, André Jolly, dont les quatre paysages sont traités avec une si curieuse audace, un parti-pris surprenant, mais si sûr et d’un effet si séduisant. Il faut retentir le nom de cet artiste. J’ai trouvé M. Valtat moins truculent, mais aussi moins enthousiaste. Il est certaines natures à qui le paroxysme parait nécessaire, M. Valtat est de celles-là. M. Alexandre Urbains, outre La Lecture interrompue, une intimité mieux qu’agréable, nous donne une Vénus de pose très classique et qui atteste chez lui une belle connaissance de la plas-tique. Le Projet de décoration pour une bibliothèque de M. Desyallières répond avec le plus de beauté pos-sible à sa destination. Par contre, les huit panneaux pour une salle à manger que M. Jules Flandrin appelle PEP!: sont d’une composition) un peu vague et d’une tonalité bien monotone. L’idée que M. Lacoste se fait du paysage plairait à un coloriste moins qu’à un géomètre’, mais c’est parce que les géomètres sont moins respectés qu’ils ne devraient l’être dans la république des Beaux-Arts. Du moins, M. Lacoste met-il dans ses reconstructions, dans ses épures une ingénuité profonde et un sentiment attendri tandis que les cubistes, par exemple — autres géomètres — n’apportent à leur oeuvre que la plus artificielle volonté. Ils ne voient certes pas la nature ainsi, mais, ayant établi leurs perspec-tives et leurs modelés, ils traitent eusuire leurs tableaux en y insérants des polyèdres enchevêtrés. Si ces polyèdres correspondaient chacun à un plant très simplifié, mais à un plan, tout serait bien, et il n’y aurait qu’un divisionnisme de plus dans l’art, mais ils ne coïncident à rien que de gratuit, leur superposition au tableau primitif s’applique abso-lument au petit bonheur. Et ce n’est mente pas une tentative, c’est un exercice. Si j’avais le temps, je pourrais me livrer au petit jeu de discerner dans cette école éphémère des tendances déjà très oppo- sées elle contient des malins et des naïfs, des Cézanniens et des académiques, des coloristes et des abstracteurs de quintessence. Mais il me faut passer à l’examen de plus sérieux efforts. Deux artistes de grand talents semblent, cette année, avoir fait au genre e Salon d’Automne e des avances M. Simon Bussy dans une Léda bien moderne, et M. Steinlen, dans Deux Négresses et un Chat, oeuvre d’un coloris superbe et d’une rare énergie d’expression. Il faut que je dise sans plus tarder tout le bien que je pense d’un artiste dont j’ignorais jusqu’ici le S7 nom, M. Angel Zarraga, qui expose deux oeuvres remarquables Ex-polo, étrange et simple compo-sition représentant une jeune femme en noir agenouillée devant un saints Sébastien nu; mais surtout Le Don, tableau des plus curieux, peints dans un chaude lumière dorée, avec un étrange mys-tère. Deux jeunes filles dont l’une est nue, debout dents uns paysage un peu abstrait, se retournent, offrant aies fruits à deux mendiants qui les suivent c’est tout, on n’a rient à deviner. Mais la grâce exquise de ces corps effilés d’adolescentes, la noblesse pure des attitudes, la singularité, la rareté de l’ensemble, l’équilibre heureux de la composition, la netteté précieuse du dessin, de tout cela émane un charine certain, indiscernable et raffiné. C’est une des meilleures toiles du Salon. M. André Chauny met au service d’une obser-vation désenchantée une rare finesse de vision et le contraste est frappant, savoureux, qui existe entre la misère agressive des sujets choisis et la saveur de sont interprétation, souvent aussi exquise que celle d’un Vuillard, d’un Morrice. Félicitons M. Seyssaud, malgré sa fidélité au paysage, de tenter une excursion dans le domaine du portrait. Celui qu’il fait de slin’s J.-P. Gras est d’aune grande solidité. Admirons de M. Edouard Morerod Loin du grand Souk (Tanger), Joueur de Mite, Femme et Enfant, Un Riffain, témoignages d’un récent voyage marocain, preuves de l’inlas-sable curiosité d’un des peintres les plus travailleurs de notre jeune génération. Paysagiste scrupuleux, M. William Horion peint avec une grande puis-sance de suggestion, l’atmosphère attristante de l’hiver, la neige fondante, le sol amorti, les brouil-lards. Il est pénétrant et confidentiel. Plus virtuose que jamais, un peu plus froid peut-être, M. John Lavery ne perd rien de sa souveraine distinction c’est le peintre des êtres de race. M. Ensile Boggio doit certes beaucoup à M. Lhermitte et à M. Henri-Martin nuis après tout peut-être la lumière a-t-elle ici tout fait. Nous préférons l’en rendre respon-sable; elle a en M. Boggio un amoureux éperdu. Je me suis arrêté, sous le charnue, devant une toute petite chose, un tableau minuscule mais parfait, signé de M » Ethel Carrick Femme arabe. C’est peint avec une largeur, une verve, une sûreté extraordinaires; l’air circule largement, les bonshommes nombreux, vivent tumultueux et la couleur en est séduisante à l’extrême. De son homonyme par le prénom, M. Ethel Santals, j’ai beaucoup aimé également des roses et deux Intérieur vénitien, où cette intimiste des appartements a sû mettre sa grâce et sont émotion coutumières. Toute galanterie mise à part, il faut reconnaitre ici beaucoup de talent aux femmes, et j’en omettrai